Après cette super soirée domino, on est tous à fond pour la marche. Sur le papier, on prend le bateau pour traverser la rivière et puis on a au moins deux heures de marche pour monter et pareil pour rentrer. On a un guide local, le jeune qui a peur des fantômes. 10 minutes avant de partir, il a disparu. Il n’avait plus envie. Putain, mal barré la jeunesse ici. En fait, ils bossent que s’ils ont besoin d’argent sinon ils se font pas chier. Par contre ce sont premiers à venir quand on déjeune pour essayer d’avoir de la bouffe, de demander des hamacs ou autre truc mais c’est en sens unique.

Un vieux le remplace et on part avec sa vieille pirogue trouée (oui il y a bien un trou à l’avant de sa pirogue). Seul petit hic, trop de poids à l’avant et on embarque énormément de flotte, faut qu’on s’arrête en urgence. Va changer de place sur une pirogue 80cm de large car le con qui se dévoue pour se lever et risquer de tomber, c’est qui… Finalement on arrive en écopant au bout du ruisseau et le début du chemin.

Tu en peux plus des moustiques, donc t’es en pantalon long, chemise manches longues, tu vas crever de chaleur. T’es resté en sandales, de toute façon la première demi-heure, on en bave en marchant dans l’eau et la boue. On est tous trempé de sueur. Tu marches dans la jungle, c’est extrêmement glissant, les moustiques bourdonnement autour de toi et c’est que le début. Le guide local nous fait signe, il vient de voir une tarentule. Pas un de nous n’arrive à la voir tellement elle se confond avec la végétation. En s’approchant, on la détecte enfin. Elle est énorme, ici ils l’appellent une goliath, ça vous donne une idée de la taille. Plus grande que ta main. Elle et en positionne de défense, les deux pattes avant dressées et les crocs prêts à mordre. Elle est couverte de poils. Même les poils sont urticants. Sale bestiole. 10 minutes plus tard, il en trouve une autre sans trop chercher, ça pullule apparemment. Oui, rappel t’es en sandales.

Pendant une pause, dans un tronc, un trou, il prend une tige d’herbe et la rentre dans le trou. Ca rate pas, deux secondes plus tard, une énorme tarentule sort super énervée de son trou (ouais, t’as vu à son air qu’elle était pas contente). Elle essaye même de grimper sur la tige.au bout de 2-3 minutes elle retourne dans son trou, le guide remet la tige et elle ressort aussitôt. Y a des cons qui la cherchent et elle compte bien leur faire payer. Elle rentre à nouveau. Tu essayes, tu mets la tige et tu tournes. Tu sens qu’elle l’accroche mais tu arrives pas à l’énerver assez pour la faire ressortir. Marre de jouer, on reprend la marche. Au fait, je vous ai dit qu’on en bave et que c’est super humide? T’es trempé et t’es même pas à la moitié du chemin. On va finalement arrivé au sommet mais les 200 derniers mètres sont extrêmement pentus et glissants. Le retour va être sportif. Au sommet de la colline, la vue est superbe, on voit le fleuve en bas, le village prêt de la rive, des montagnes et c’est de la jungle à perte de vue. T’as pas sorti le drone car trop de vent.

C’est à la descente que ça a merdé. Rappel, ton pantalon est trempé. Et en écartant les jambes pour descendre la partie difficile tu entends un gros craquement. Le pantalon s’est déchiré d’un genou à quasiment l’autre genou et c’est ton seul pantalon. T’as rapidement mis de l’anti moustique à l’endroit où ça s’est déchiré au cas où…

Gabriel s’est vautré dans la descente, bosse à la tête et mal au genou. Retour épuisant jusqu’au bateau. A chaque fois qu’on attendait Gabriel et miaou, on se faisait attaquer par les moustiques. Retour au village pour un bon bain moussant et un massage thaïlandais. Je déconne, c’est trempette dans la rivière et lavage des fringues.

Bon, on était censé pêcher cet après-midi mais les indiens veulent pas nous louer des hameçons. Incroyable. En plus il pleut et il y a des milliards de moustiques. Ca vous donne envie ces vacances? Comme je vous dis c’est pas des vacances, c’est du voyage.

Donc t’es dans ton hamac à écrire cet mail. Et Kinnary, la copine de Gabriel est en train de recoudre ton pantalon. Mais non c’est pas macho! !! C’est elle qui disait qu’elle s’embêtait. Lui est dégoûté car en France, elle refuse de lui coudre un bouton. Ca va quand même te couter un resto.

Il est 21h. Je vous écris de mon hamac, protégé des agressions extérieurs. On a joué bien sûr au domino (sans miaou). Quand t’as fini de dîner à 19h30 faut bien trouver une occupation mais gare aux fantômes qui traînent. La jungle s’éveille. Si vous entendez comme un marteau piqueur, c’est juste le bruit du crapaud buffle entrecoupé des ronflements et pas des ronronnements de miaou. Levez les yeux au ciel, vous allez voir un ciel très noir où on distingue parfaitement la voie lactée. T’aurais pas les moustiques, tu resterais plus longtemps dehors.

Alors, connaissez-vous le tchopo? Une variante du domino, un jeu de carte locale? Que nenni! !! C’est un truc de chaman. Miaou nous avait dit que si on trouvait un chaman on pourrait tester le tchopo. Mais faut trouver d’abord un chaman. Incroyable, dans ce village, il y en a un. La veille il n’était pas venu nous voir car soit disant il n’avait pas de tchopo. Aujourd’hui c’est sûr il vient. Bon il va venir, euh il devrait venir, lazy chaman. Miaou t’avait prévenu, si on se sent pas top après le tchopo, il faut boire du café ou du coca, donc t’as amené du coca au cas où. Finalement le chaman se pointe. Un vieux monsieur avec une bouille sympathique. Il sort son attirail.

Pour ceux qui ont lu jusque-là, je vous sens impatient. Le tchopo provient d’une racine qui est écrasée et mise en poudre. Le chaman sort un petit flacon avec de la poudre noir, une petite coupelle, une plume et une sorte de double paille faite dans l’os d’une bestiole. Mystère. Il met de la poudre dans la coupelle et nettoie la paille en y faisant passer la plume.

Miaou nous a bourré le mou que si on sniffait du tchopo, on faisait un remake de « i believe i can fly’. Mais il n’y a pas d’addiction. Gabriel ne veut pas essayer, tu essayes le premier, toujours partant pour essayer les trucs à la con. Le chaman sépare la poudre pour Kinnary et toi. Tu te fous la paille dans les narines et tu inspires pas trop fort car tu te méfies quand même. Résultat, ca pique le nez, tu éternues, puis ça pique la gorge. A part ça que dal de chez que dal. Kinnary essaye ensuite mais en inspirant plus fort. Seule différence, ses yeux deviennent larmoyants. Mouais, mouais, mouais… tu redemandes au chaman une nouvelle dose, mais non y a pas d’addiction… T’enfonces bien la double paille dans les narines et tu y vas un bon coup. Bah rien de plus que les yeux qui brillent quelques secondes. Selon le guide, le tchopo serait trop vieux. Mouais. Comme on va les prochains jours chez d’autres tribus d’indiens, on verra s’il y a pas un chaman avec un truc qui marche.

Vincent, ça aurait marché, je t’en aurais ramené un peu. A part les indiens d’Amazonie personne ne connaît donc j’aurais peut être tenté la douane. Et puis le prix, chaque sniff coûte 30 centimes.

Ricardo tchopo

Ps: concernant les commandes de masques, impossible d’en trouver dans les communautés où t’es passé. Surtout que le guide a jamais demandé et de toute façon ils avaient pas la tête d’artistes. Il y en a en ville, je vais faire au mieux.