Yo,

En fait Kavac, c’est une piste d’atterrissage en terre battue, une guesthouse avec une petite dizaine de bungalows et une route en terre pour rejoindre un bled nommé Kamarata où on va prendre une pirogue pour naviguer deux jours pour rejoindre la chute de salto Angel. Dans toute la région il n’y a que deux bagnoles. Gabriel va très mal. Il parle pas et a très mal à l’oreille.

Le matin, avec Kinnary et un guide Pemon on va se baigner dans un canyon au pied d’une chute.

On s’arrête à l’hôpital de Kamarata. Il doit y avoir 1000 habitants mais il y a un hôpital. Tu t’attends à voir un vieux médecin mais que neni, une jeune infirmière et une jeune doctoresse se pointent. Du coup tu te sens malade aussi. Au Venezuela, une fois ses études terminées, le médecin doit travailler plusieurs mois dans un bled perdu avant de pouvoir exercer. Diagnostic : Gabriel a la membrane de l’oreille gauche déchirée. En principe il peut plus prendre l’avion. Il va en chier car on en a encore trois à prendre. Il a même droit une piqûre mais la doctoresse a la main lourde car il a du mal à s’asseoir ensuite.

Il a pris cher, d’abord plus de 300 piqûres de moustiques et de tiques en Amazonie, puis un gros rhume avant de démarrer l’ascension du Roraima, il a vomi la veille de la journée de marche la plus difficile et maintenant l’oreille. Pas prêt de revenir avec toi le Gabriel., surtout que toi, à part ta centaine de piqûres de bestioles, ca va plutôt pas mal.

On a deux jours de descente en pirogue à moteur sur la rivière Akanan. Le problème avec cette pirogue est qu’on a pas de toit et que dès qu’il pleut, on déguste. Notre dernière destination, Salto Angel, la plus haute chute du monde, qui fait presque 1 km de haut. Pour y arriver on s’est tapé 1.5 jours de pirogue juste pour l’aller. Sur le bord du fleuve des campements sauvages d’orpailleurs, ca doit pas être facile mais en ville ce sont les seuls à avoir du pognon. Il tombe des cordes, en 4h le niveau de la rivière est monté de plusieurs mètres. En attendant, Uno et domino.

Il fait tellement humide que nos fringues puent le rat crevé. C’est insupportable. On renifle les affaires des autres pour les mettre très loin des hamacs car forcément c’est l’autre qui pue. Ca va être compliqué sur le vol de retour sur Paris. J’écris cette partie de cet mail de mon hamac en essayant d’oublier les effluves qui m’entourent. Le guide s’est installé dans un autre campement sous prétexte qu’il ronfle en fait c’est plutôt à cause de nos odeurs.

1h de marche pour rejoindre le point de vue sur la chute. Coup de pot, c’est dégagé. On s’est mis sur un rocher, les vénézuéliens se sont installés sur un autre. L’odeur peut être? Comme on a rien faire de la journée, on reste 2h à regarder la chute et se faire bouffer par des moustiques. Retour au camp où nous attend un repas frugal. On crève la dalle. Il est 13h on a rien à faire à part l’éternel Uno ou domino.

Ah si, l’attraction de l’après-midi : un mec a débarqué près de l’endroit où est installé notre guide. Le mec a l’air énervé, il a un couteau, il frappe dans un tronc d’arbre, dans des feuilles, il part, revient à nouveau, frappe à nouveau et disparaît dans la jungle. Euh, ça va être sympa cette nuit. Comme on ne sait pas où il est passé, tu te rapproches de l’endroit où il a disparu avec le guide et deux indiens. Le guide tient un tuyau en plastique dur et toi t’as ramassé une pelle (petite référence au film Bernie). L’avantage de la pelle, c’est qu’une fois qu’il l’a prise en pleine gueule, il y a plus qu’à creuser un trou avec. Le dingo a disparu. On le revoit ensuite sur la berge. Il plonge dans la rivière et disparaît. T’as gardé la pelle près de ton hamac pour la nuit, au cas où… De l’autre côté de la rive, il y a un autre campement. Apparemment cette nuit vers 2h, ils étaient tous avec leur lampe torche. Est ce qu’il s’est passé qqchose avec l’autre barjot?

Le voyage arrive à sa fin, on a passé la demi-journée à descendre le fleuve pour rejoindre la petite ville de Canaima, histoire de passer sous la chute salto Sapo. Un truc de fou, tu te dis, ils vont te faire passer sous dix mètres de chute avec quelques gouttes d’eau. En largeur, la chute fait plus de 120m. Tu l’as traverse entièrement. Par moment il y a tellement de flotte que tu vois rien. T’as une corde pour te tenir mais le sol est glissant. Le père Gabriel avait mis sa cape de pluie pour se protéger l’oreille. L’effet de souffle sous la chute lui a retourné la cape sur la tête. Il voulait pas lâcher la corde pour ne pas tomber et il était juste où tombait le plus de flotte. Impossible de bouger. C’est le guide qui s’est aperçu qu’il ne suivait plus et y est retourné. Il y avait tellement d’écume qu’il le voyait pas. Il a juste vu deux jambes toute blanche. Il le fait pas exprès mais tout lui tombe dessus.

Et demain on a 2 vols pour rejoindre Caracas. Il y a tellement d’annulation de vols qu’ils nous ont pris pour chacun 2 billets sur 2 vols différents pour être sûr qu’on puisse rejoindre Caracas samedi soir pour le vol de dimanche matin pour Paris.

Et dire qu’en ce moment certain se repose à Bali…entre deux massages.