Yo, ouais encore plein de lecture…

J’ai hésité à vous envoyer un email à 4h du matin pour vous faire partager le doux son du muezzin.

Bon, ça risque de se compliquer mais avant, il faut vous raconter la virée avec les pieds niquelés. Objectif: visite du site Laas Geel puis droppage à Berbera au bord de la mer. Hier le baltringue de l’hôtel te dit qu’il se charge d’obtenir le permis pour aller sur le site de Laas Geel. Ce matin il te dit qu’il donnera l’argent au militaire qui te sert d’escorte et qu’il payera sur place car le bureau est fermé aujourd’hui. Et il devait pas te faire une copie du permis pour ton retour ?? Ouais, car tu restes deux nuits à Berbera et après tu prends le bus pour revenir sur Hargeisa, inch allah.

Donc tu pars avec Mohamed le chauffeur, Ali le militaire et aucun papier. Pas un ne parle anglais. T’espères une journée cool.

Ca fait deux minutes qu’on roule. Le chauffeur essaye de doubler une voiture et comme il a du mal il lui fait volontairement une queue de poisson. Forcément le gars s’énerve et nous colle en klaxonnant méchamment. Il a suffi qu’Ali se penche par la vitre pour que le gars se calme, ici on a le respect de l’uniforme!! Ca commence fort.

10 minutes plus tard, le chauffeur s’arrête près d’une casse, va chercher qqchose mais revient bredouille. Apparemment il cherchait sa popote du jour ou un truc dans le genre. Du coup il appelle qqun au téléphone et roule au ralenti. Comme s’il attendait qu’une voiture le rattrape. Puis il s’arrête et attend. Le ton monte entre Ali et Mohamed. Il repart puis s’arrête à nouveau et te dit mafich muchkila (y a pas de pbs). Toi, la, la muchkila (non, non, problème). Tu fais semblant de descendre en lui disant Hargeisa, genre tu te casses. Bon, finalement on est reparti.

5 minutes après une voiture de police nous rattrape à toute vitesse et fait signe de mettre sur le côté. Putain, on va jamais y arriver. Tout un convoi de militaires et de 4×4 aux vitres teintées nous dépasse. Encore une huile en vadrouille, pourvu qu’ils n’aillent pas à Laas Geel sinon c’est mort.

Une fois sorti de la capitale, les paysages sont extrêmement arides. Du désert rocailleux avec quelques petites montagnes et plateaux et beaucoup d’épineux comme des acacias. A part les baraques en dur mais nazes le long de la route, les locaux vivent dans des cahutes en tôle recouvertes de morceaux de tissus multicolores. Pas une fenêtre, juste une petite porte, certainement pour éviter la chaleur. Qqs chèvres, parfois un âne ou un chameau, juste de quoi survivre. Il y a une famine mais dans ce coin désertique impossible de cultiver quoi que ce soit.

T’arrives enfin à Laas Geel. Ali avait dit qu’il viendrait avec toi sur le site mais comme il y avait déjà un autre militaire, il a fait bosser l’autre. Dans le bouquin, on écrit qu’il faut partir avec deux bouteilles d’eau, t’en prends quatre pour être sûr. En fait, on a juste 200m à marcher pour monter sur la minuscule colline pour voir les différentes grottes avec les peintures rupestres, putain de bouquin. Les peintures ont été découvertes très récemment en 2003 et ils pensent qu’elles datent de 5000 ans avant le mec qui marchait sur l’eau. Il y a des peintures de vaches, chiens mais aussi d’éléphants et de girafes. Y a même un mec avec 6 doigts, un mec qui boit aux pies de la vache, un taureau en train de se taper une vache… Donc pas mal dessin et très bien conservés. De plus tu as un super point de vue sur toute la vallée.

Puis direction Berbera. On passe une demi douzaine de check point et à chaque fois avant, Ali met son béret militaire couleur lavande. Il dit que ça sert de passeport. Ouais sauf qu’après demain tu seras tout seul sans béret lavande et surtout sans permis. Et en plus, t’en vois pas passé beaucoup des bus dans l’autre sens. Mercredi ca va être LA journée galère.

Finalement on t’a déposé à l’hôtel le plus haut de gamme de Berbera, le man soor. Ils sont habitués à avoir des pontes car tu as le droit à la fouille de sacs, des militaires à l’entrée. Il y a 2-3 expats avec tous une oreillette, peut-être de la sécurité de Bollore qui veut investir dans le port, il est peut-être dans le coin. En tout cas s’il dort là, il aura un choc vu les chambres. Le meilleur hôtel avec une bassine à remplir d’eau pour vider les chiottes. Vincent, une remarque?

Tiens, il y a des gazelles dans le jardin de l’hôtel. Des vrais pas des minettes!

L’hôtel est à 200m de la plage. Une grande plage de sable blanc mais pas aménagée. Il y a qqs locaux. Les hommes se baignent en short et t-shirt. Les rares femmes qui se baignent gardent leur foulard. On est passé à deux doigts du drame, une femme a failli se noyer et ils l’ont récupéré juste à temps. L’eau est aussi chaude que dans ta baignoire, faut s’écarter du rivage pour qu’elle rafraîchisse un peu. Forcément on vient taper le bout de gras avec toi, comment tu t’appelles, d’où tu viens, c’est quoi ton travail. Y en a un qui a été très surpris quand tu lui as dit que le somaliland est considéré comme dangereux. Plusieurs nanas ont demandé à faire des selfies….voilées mais pas farouches. Mais les jeunes à force sont collants et t’es obligé de te barrer.

A deux doigts de lapidation : Tu reviens plus tard sur la plage et il y a presque plus personne. Deux nanas viennent te voir en te disant no speak English. Ok. Re même question et puis une pose des questions en Somalais qui semblent commencer par ayna qui (tu crois) veut dire ‘où’ en arabe?

Et toi connement tu montres l’hôtel en croyant qu’elle te demandait où tu étais. Et là elle a cru que tu l’invitais à l’hôtel, le drame. Tout de suite c’est je suis musulmane moi pas hôtel. Et toi tu realises ta gaffe. Encore heureux qu’elle l’a pas mal pris. En tout cas, pliage rapide de serviette et cassos en vitesse à l’hôtel. Imagines qu’elle raconte l’histoire à sa famille. Au moins y a des militaires à l’entrée de l’hôtel.

Côté alimentation, t’es au bord de la mer donc tu prends pas trop de risques avec du poisson. Tu tentes la soupe de poisson. Le serveur se pointe avec un bol d’eau grise?? Tu demandes confirmation. Tu goûtes. Ils ont fait bouillir des morceaux de poisson dans de l’eau.

Demain journée compliquée, tu vas essayer de trouver en centre-ville ce fameux hôtel yaxye, ensuite la station de bus salaama pour connaître les horaires de bus et ensuite le poste de police pour avoir un permis pour rentrer sur Hargeisa après demain et tout ca à une température de 40°. L’alternative, tu prends le bus sans permis avec le risque d’être coincé à un checkpoint. Ouais plus de béret lavande.

Tu te casses de cet hôtel demain vers 10h après pour internet inchallah.

Ps : merci pour vos mails avec les plans. Manque plus que ce putain d’hôtel à trouver.

Actuellement tu dînes en terrasse et au moment où tu vas pour envoyer émail tu vois un truc qui se rapproche près de tes pieds. C’est pas net avec tes putains de verres progressifs. Un toc d’araignée qui va droit sur toi. Bon, t’en as bouffé des plus grosses  mais quand même. Tes voisins de table font aussi des bonds en arrière. Ce soir tu regarderas dans les draps.

Je ramène un cadeau à celui qui me trouve l’adresse de l’hôtel yaxye avant demain matin.

Laila saida.