Apollo bay, petite ville touristique au bord de mer, son immense plage pour le surf, son petit port de pêche. Tu te dis, super, tu vas te faire cuir un bon poisson bien frais et bien tu le croiras pas mais impossible d’acheter du poisson frais dans les supermarchés. Le seul que t’as trouvé c’est du saumon d’Atlantique, faut pas déconner.

Par contre t’as des fishs and chips partout. T’as préféré pas demander d’où vient le poiscaille, de peur d’entendre que c’est du tilapia thaïlandais.
Toutes les boutiques sont sur la rue et on peut pas dire qu’il y a grand monde. Même Menton est plus vivant.
Côté photo, tu vas devenir le spécialiste des photos de belles plages avec des gros nuages gris. Ils te poursuivent c’est pas possible.
Ici c’est la fameuse région Great Ocean que tu peux faire en bagnole où à pied.
Ça sera à pied mais t’as trouvé une agence qui tous les jours t’apporte tes affaires à chaque camp. Donc tu pars le matin avec des affaires pour la journée et le repas et le soir, au camp, tu as ton matos, ta bouffe, ta tente. Du coup tu peux trimballer du vin, biscuits apéro et autres produits totalement indispensables…
Ca s’appelle le great ocean walk (GOW) mais la grande partie de la journée, tu marches dans une forêt d’eucalyptus où ca sent très bons. Tu vois parfois des koalas à 30m en haut des arbres mais côté océan c’est qu’à l’arrivée. Pour les koalas faut faire gaffe, si tu passes ton temps ton nez en l’air et tu regardes pas où tu marches t’as vite faites de croiser un serpent. Ici, contrairement à la Tasmanie, les serpents tigres ont vraiment une peau style tigre, t’en ferais bien une ceinture.
Personne sur le chemin sauf cinq minutes avant l’arrivée un groupe de 15 ados avec leur moniteur. Il y a une gamine de 13 ans elle a un sac à dos aussi grand qu’elle et ils transportent tente, bouffe la totale pour plusieurs jours. T’as presque honte.
Le camp est près de la mer, il y a tes affaires qui t’attendent comme prévu. T’as pas monter ta tente depuis dix minutes que t’as un wallaby qui vient traîner dans le coin. Et tu peux voir des koalas à 3-4m de toi. Tout va bien. C’est l’heure de l’apéro, tu sors toute ta bouffe et la c’est le drame, le boulet dans toute sa splendeur. T’as amené tout un ensemble de conneries mais t’as oublié un truc indispensable, le réchaud. C’est sur que ca manque pas pour boire un verre de vin mais pour toute ta bouffe déshydratée et tes nouilles, sans eau chaude t’es mort. T’as quand même ta bonbonne de gaz, maintenant faut trouver la personne qui utilise le même type d’embout. Dans le camp, y a quasiment que des gens qui sont venus en bagnole donc eux ont du gros réchaud. Walouh de chez walouh avec option quedal… Finalement, un australien sympa t’as même apporté son réchaud pour te dépanner. Y avait un groupe de français avec qui t’as discuté, eux quedal, ils t’ont rien proposé, étonnant.
T’as contacté par sms le gars de l’agence et il mettra demain dans tes affaires un réchaud.
Entre temps tes voisines de tente, 2 australiennes, utilisent le même type de réchaud donc elles te dépannent. Sans déconner, y en a une qui porte 28 kg (dont 10l de flotte) et la nana fait pas 50 kg. Du coup comme elles font la même étape que toi le lendemain, t’as foutu 15kg de leur matos dans ton sac à dos, histoire que ca soit transporter en bagnole.
Le truc qui faut maîtriser ici, ce sont les marées. Toi t’es habitué à la méditerranée et t’es pas trop enmerdé avec ça. Mais ici, parfois t’as le choix du chemin, dans le bush ou au bord de mer mais ça dépend de la marée. T’y vas au pifomètre, pour l’instant ça passe. Alors ce sont de longues plages de sable orange, souvent tu peux pas te baigner car tu ferais rapidement emporter.

L’endroit sympa est la baie des homards. A marée basse, il t’a plein de grandes vasques remplies d’eau où là tu peux te baigner. Par contre côté homard, t’espérais qu’un ou deux soit restaient coincés, l’histoire d’améliorer ton quotidien mais quedal. De toute façon il rentre pas dans ta marmite et en plus pour l’instant t’as rien pour faire chauffer.

T’es en train de marcher sur le chemin dans le bush, et à dix mètres de toi, t’as un animal qui traverse rapidement. On dirait une panthère noire. Véridique, il est 11h t’as encore rien bu! C’est sûr que c’est pas un bestiole qui fait des bonds et c’est beaucoup plus gros qu’un renard. Tu continues à marcher en regardant derrière toi au cas où la bestiole se dit que marre de bouffer du kangourou, essayons le touriste.
A mi chemin, on passe par un des derniers phares de la région. Business oblige, ils ont en fait une attraction touristique, du coup tu vas te renseigner. Effectivement dans ce coin il y a des ‘wild cats’ et celui que t’as vu était pas un lapin de six semaines. Tout le monde en parle dans le coin mais très peu de gens en ont vu et il y a pas de photos, c’est con t’aurais pu être une star dans National Géographic…

Arriver au 2eme camp, Air river, au bord d’une rivière, y a le koala qui roupille dans son arbre. Ouais apparemment sur ce circuit, le koala est compris à chaque camp. En plus cette fois t’as la maman avec son petit.
Y a tes affaires mais pas de réchaud et pas de réseau pour contacter l’agence… Finalement 2h après, un minibus t’apporte un réchaud des années 40. T’as une coupelle où tu verses du white spirit, un coup de briquet et démerde toi avec ça. Faudra éviter de foutre le feu au bush..
T’es jamais arrivé à faire bouillir de l’eau avec leur truc donc t’as laissé tomber et Inch Allah.

Si vous faites le great ocean en bagnole, il faut s’arrêter à johanna beach et monter au camp (pas uniquement au point de vue). T’as une vue incroyable. T’y as planté ta tente, après, c’est sûr, si tu redescends à la plage faut rien avoir oublier.

Les australiennes arrivent exténuées et une à un problème à la cheville (en fait elle en a ras le bol) et elles jettent l’éponge. Tu m’étonnes, elles trimballent un marteau pour planter les piquets de tente, un kilo de pesto qui a tourné avec la chaleur, un théière énorme, que des trucs inutiles. Et c’est pas avec un gabarit de pingouin australien que tu portes 20 kg sur le dos.
Finalement le lendemain t’as décidé de plier les deux prochaines étapes en une soit 27 km. C’est le bon choix, c’est le seul jour où tu dois porter ton gros sac, où le niveau de marche est difficile et où il fait 32°. Ici les chemins en monté sont en plein soleil et quand tu descends c’est à l’ombre avec du vent. La totale.
Arrivé au camp, tu te poses, puis tu renifles une drôle d’odeur. Bizarre. Avec ton grand nez tu renifles à nouveau. Ouais, ça sent le chaman (voir l’histoire sur le Vietnam). Incroyable, c’est pas possible, il peut pas être ici mais y a bien l’odeur du chaman. Tu cherches le nez en l’air en regardant à droite et à gauche. Putain c’est toi qui pue le chaman. Un cauchemar.
Sur les 27 km tu es, les 3/4 du temps, dans le bush sans aucune vue. Alors un petit conseil pour ceux qui voudraient se lancer sur ce trek, faites les 3 premières étapes, le reste bof. Tu marches dans le bush sans rien voir, les camps sont en hauteur sans aucune visibilité, pas de plage à côté et même pas un koala qui traîne dans le camps.
Le but de ce trek est d’arriver à un site qui s’appelle les 12 apôtres. 12 pitons rocheux qui sortent de la mer. Y en a plus que 8 et côté marketing on t’incite à venir rapidement avant qu’il y en ai plus…
T’as marché pendant cinq jours ca serait con de pas aller jusqu’au bout. C’est le jour où tu marches presque pas (16 km), c’est le jour pour faire les photos et c’est le jour sans soleil. La veille sur 27 bornes sans aucune visibilité t’as pris cher au niveau soleil et aujourd’hui quedal. Ouais quand ca veut pas.

Les 12 apôtres, c’est compliqué c’est le point de rencontre de tous les chinois et indiens du pays. Ils ont construit un ponton pour que tu puisses faire ton selfi devant les pitons rocheux, c’est un défilé non stop, du coup t’as fait pareil (oui qqun t’as demandé un selfi)

Et si t’as vu Etretat et que tu es déjà allé dans le quartier chinois de Paris, et que tu connais le poulet tandoori, tu seras pas dépayser par le spot.
Toi t’as décidé de rester jusqu’au coucher de soleil (on sait jamais sur un coup de pot), le seul truc, t’as quand même 1h30 de marche de nuit dans le bush pour retourner à l’endroit où tu dors. En principe la nuit les serpents doivent roupiller, par contre pour les ‘wild cat’…. T’as deux lampes et ton appareil photo flash sorti prêt à faire la photo de l’année…Mais que dal.
Tu roupillent à Princetown, une petite rue avec son petit magasin, son hôtel pour backpacker, son camping et son pub où un australien éternue et se mouche dans son t-shirt… bienvenue à Princetown…