Yo les accrocs de la canicule,
Bienvenue à pulau Weh, Île à l’extrême nord de Sumatra.
Ça y est, t’es un ‘boulé’, c’est le terme ici pour dire etranger/blanc. Ça fait mal au cul de se faire appeler boulé….

L’île est couverte de jungle avec 3 minuscules plages de sable. T’es à Iboih, qqs petits restaurants où tu manges du poisson curry, des guesthouses avec bungalow sur pilotis que tu payes entre 12 et 20 euros la nuit et qqs centres de plonger. Côté bouffe, tu manges super bien pour 3 euros, et c’est tellement frais que la patronne épluche les légumes juste au moment de la commande donc faut pas être pressé. Mais putain ce que c’est bon.

Bon on est très loin de l’image des superbes plages et t’as beaucoup de corail mort qui t’empêche de te baigner facilement.
Du coup, t’as décidé de louer un scooter histoire de faire le tour de l’île. Pas de papier, pas d’assurance, tu le loues 6 euros à un mec dans la rue et c’est parti. Le plus dangereux, ce sont les bestioles qui sont au milieu de la route. T’as des singes qui attendent qu’on leur balance des bananes, des énormes varans qui attendent la dernière seconde pour s’écarter, des vaches… T’as failli enquiller une chèvre qui débarquait de nul part… Grâce à l’Australie, t’as déjà à ton tableau de chasse un wallabi et un emeu, c’est bon c’est suffisant !
T’as deux règles à connaître ici sur la route, c’est toujours le plus gros qui a raison et tu dois verifier que le klaxon fonctionne avant de valider la location. Ouais sans klaxon t’es nothing, les freins ça passent après..

Tu roules tranquillement, ton téléphone posé sur la selle entre tes jambes. Sur un dos d’âne  tu entends un drôle de bruit. 200m plus loin tu réalises que tu n’as plus ton téléphone. Tu fais demi tour, roules un peu, rien. Vu le nombre de scooters à la minute, qqun à du le ramasser. Tu t’arrêtes et tu baragouines avec des locaux. Du coup t’apprends le mot ‘masuk’ qui veut dire perdu. Y a un gars qui part en scooter regarder sur la route et un autre appelle ton numéro local avec son tel , (t’aurais eu juste le numéro international, pas sûr qu’il puisse). Ça sonne mais personne décroche. C’est la merde. Pas la peine de chercher sur la route, il a disparu. Seule solution retourner à ta guesthouse et utiliser ton pc pour voir s’il y a une possibilité de le localiser. Coup de chance, il se met à pleuvoir des cordes… T’es trempé mais tu veux éviter la gamelle, tu t’arrêtes à l’abri. Tu t’es arrêté ou? juste devant un cybercafé, du coup plus besoin d’aller rechercher ton pc. Tous les PCs sont occupés. Quand ça veut pas… Le patron parle anglais, tu lui expliques ton problème, sympa, il est prêt à te laisser son propre ordinateur. Mais finalement il rappelle ton téléphone avec le sien et (Allah akbar) qqun décroche… Ça discute longtemps. Le patron du cybercafé abandonne son magasin plein de gamins et prend son scooter. Et nous voilà partis avec nos 2 scooters pour retrouver ton téléphone. Dix minutes de scooter plus tard, on est dans une petite ruelle où t’attend le mec avec ton téléphone. Tu lui as laissé un petit billet pour le remercier et le patron du cybercafé a refusé ton argent.

Imagine la même chose à Paris….
Dire qu’il y a peine 10 ans, tu voyageais sans téléphone, maintenant c’est devenu une saloperie indispensable avec tes cartes de voyage, ton suivi bancaire, accès à ta messagerie…
Bien sur t’as continué à faire le con en remettant le téléphone entre tes cuisses.
Sinon pulau weh, y a certainement beaucoup mieux en termes de plage, par contre ça semble être le paradis pour les plongeurs.
La minute ‘Chap’ 
T’as un pote à Paris, ‘Chap’ qui est accroc à la pêche. Chaque fois que tu passes le voir lui mettre une branlée aux cartes, il a changé une partie de son matos. Il a presque une canne à pêche pour chaque couleur de poisson. Si tu ramènes le kilo de poisson péché au prix de son matos, il doit être à 500€ le kilo de poisson.
Histoire de lui faire honneur, t’as décidé d’aller à la pêche avec un mec du coin. T’as cherché dans le village et t’as trouvé capitaine yoyo, un Indonesien marié à une française qui tient un resto dans le village.  T’as des gens qui viennent de Malaisie pour venir pêcher avec lui. T’as négocié 40€ pour une matinée de pêche sur son bateau. Il t’a prévenu que la mer n’est pas très calme en ce moment et a voulu savoir si t’étais malade en bateau. Euh, tu lui as pas dit que t’avais fait très peu de sorti de pêche et que le mot baltringue est bien adapté à cette situation….
T’as discuté avec un gars qui est allé pêcher la veille, il a ramené une bête de 22kg.
Chap, voici des photos du leurre. Il fait quasiment la longueur de ton avant bras, si avec ça tu remontes pas une baleine…
Si tu remontes un monstre, Chap peut revendre tout son matos et passer au tricot….
Départ à 7h30 du matin. La mer a l’air super calme. Cool. T’as pas eu l’indécence de demander s’il y avait des gilets de secours..
Une fois qu’on s’écarte un peu, ça bouge un peu plus.
Alors côté technique de pêche  c’est pas un vulgaire leurre que tu laisses descendre au fond. Tu fois faire un lancé le plus loin possible et mouliner très rapidement pour faire des eclaboussures pour attirer le pigeon, enfin le poisson. Bien sûr tout en essayant de rester debout sans te vautrer. Toi, tu dois envoyer le leurre à 20m quand tu merdes pas, Yo-yo au moins le triple.
Au bout d’une heure, pas une touche. Capitaine yoyo change de leurre pour essayer de chopper de l’espadon à la traîne mais que dal.
Chap, t’as acheté les aiguilles à tricoter ?
Du coup capitaine yoyo décide de passer le cap pour aller du côté où il a choppé la bestiole hier. Mais là, on joue plus du tout dans la même cour côté vagues. Madré de Dios. Déjà lors de la traversée au vanuatu il y a 2 mois, tu t’étais fait peur mais là, le bateau est encore plus petit et pas de cabine pour te masquer les vagues qui arrivent.
Secoué dans tous les sens, le bateau penchait parfois à 45°, tu t’es mis à regarder la côte à 100m de là en estimant ta chance d’y arriver à la nage sans te fracasser sur les rochers. Ensuite t’as plus qu’à traverser la jungle pieds nus pour peut être t’en sortir. Capitaine yoyo a senti que c’était un peu chaud et a préféré attendre que la marée haute se termine, ça devrait être plus calme après selon lui. Toi, t’as tes deux mains agrippées au bateau, les pieds écartés au maximum pour stabiliser  et tu fixes la côte en estimant tes chances…
Capitaine yoyo te dira en rentrant qu’on s’est tapé des vagues de 5m. Ça n’a pas l’air haut 5m mais quand ton bateau est à moins de 1m au dessus du niveau de l’eau, ça semble énorme.
Cette vidéo c’est au retour quand c’était beaucoup plus calme et que t’as lâché courageusement tes mains du bateau.

On s’est remis à pêcher au milieu des vagues, toi t’es resté assis. Une grosse vague nous a pris de travers, le yoyo a failli se retrouver à la baille. On a sorti l’écope…
Le yoyo voulait pas rentrer bredouille, c’est toi qui lui a fait croire que tu avais le mal de mer pour qu’il décide de rentrer.
Résultat, Chap, tu peux oublier le point de croix pour l’instant.
T’as pas eu une seule touche et capitaine yoyo en a vu juste un seul qui s’est intéressé au leurre mais sans le tester.

Apparement c’est le premier jour du ramadan pour les poissons…

À chaque fois sur t’as essayé de pêcher, il y a eu une raison pour ne rien attraper : au Venezuela on a même pas eu le droit à la cane à pêche car il n’y avait pas de poissons dans la rivière, au Brésil pas de piranhas car c’était marée haute, en Papouasie pas de crocodiles car c’était pleine lune Je vous laisse sur ces conneries, j’ai une semaine très difficile : 24h (ouais 24h) de minibus pour rejoindre le bled de Ketambe (à 500 km), point d’entrée du parc gunung leuser, puis 4 jours de trek dans la jungle et 15h de minibus pour rejoindre le lac Toba.