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15h de bus de nuit plus tard sans quasiment avoir dormi.
Avant de partir, t’as goûté, juste une gorgée, au tuak, une sorte de vin de palme. Résultat t’as l’estomac à l’envers. T’as pris 2 immodium histoire de ne pas avoir besoin d’arrêts urgents pendant le trajet en bus…

Te voilà arrivé dans la ville de Bukittinggi.  C’est une ethnie différente, les minangkabau. C’est matriarchal. Le mari s’installe dans la maison de sa femme et en cas de séparation il part une main devant et une derrière et les gamins restent avec leur mère. Les familles riches se font construire des maisons traditionnelles en bois de cèdre mais elles n’y vivent pas. Elle ne sert que pour des cérémonies importantes. Vous verrez les photos, sûr qu’une maison comme ça à Paris ça en imposerait à tout ce hausmanien…

A peine sorti du bus, t’es parti dans la campagne voir le salon de l’agriculture local qui se tient tous les samedis. En France, les paysans ont des concours de beauté pour leurs vaches. Ici c’est un peu le même genre mais en version plus… rustique.
En gros, il te faut un terrain de 100m de long remplie d’eau boueuse.
Les mecs attachent deux vaches côte à côte. Elles ont chacune un harnais en bois qui traîne au sol derrière elles. Le mec met un pied sur chaque harnais et se tient à la queue des vaches. Et c’est parti. Les vaches partent à toute vitesse dans la boue. Un mec sur deux se vautre avant la fin du champ. Et vous verrez sur la vidéo, le mec mord la queue des vaches pour les faire accélérer. Sur le coup tu comprends pas, y a pas de courses entre chaque mec, ils partent quand ils sont arrivés à mettre les vaches dans le bon sens. Donc c’est quoi l’objectif ? En fait, t’as plein de gens qui regardent et potentiellement des acheteurs. Si les vaches vont vite et tout droit, elles prennent de la valeur et donc peuvent se vendre plus cher. Et dire qu’en France, tu les brosses, les bichonnes…
Laure, Pascal vous qui avez un ami paysan… Vous deviez lui en parler.
Voilà 2 vidéos des courses
Côté cérémonie de mariage ici, c’est assez simple, tu installes les mariés sur une estrade habillés de mille feux (enfin surtout la femme) et les invités viennent quand ils veulent, font une photo avec les mariés, se servent au buffet et repartent un peu quand ils veulent. On s’est arrêté, les gens nous ont fait rentré, ont même voulu nous inviter à manger, la gentillesse des indonésiens!
Autant les batak sont chrétiens autant ici ils sont musulmans. T’as choisi une guesthouse spécialiste en stéréo. Elle est entre 2 mosquées qui sont juste à côté. C’est un cauchemar. T’as l’impression qu’ils ont mis un haut parleur à ta fenêtre. Tous les jours de 18h à 20h il y a un speech. Tu sais pas ce qu’il raconte mais le ton de la voix est super vindicatif.
Première nuit, t’as échappé à l’appel à la prière vers 4h30 du matin car tu t’es levé à 4h mais sinon tu prends cher côté oreille.
Ouais, tu t’es levé à 4h pour gravir le volcan Merapi. L’idée est d’être au sommet vers 8h30 avant que les nuages arrivent. Tu te le fais en solo, sans guide en partant à la frontale. Ouais, t’as déjà oublié la galère de la jungle. T’as surtout le chemin précis indiqué sur ton téléphone.
Donc te voilà parti à 4h30 du matin sur ton scooter dans des rues peu éclairées juste avec les veilleuses (ouais la buse que tu es s’est aperçue juste à l’arrivée que tu pouvais avoir les phares) à la recherche du point de départ du trek.
Bizarre, au point de départ du chemin des centaines de scooters garés.
Tu pars à la frontale. Ça fait pas 15 minutes que tu marches et tu entends des chants.
T’arrives dans un camp avec plein de tentes et des jeunes chantent autour du feu, il est 5h30 du matin. En fait, on est dimanche et tous les week-ends des centaines de jeunes viennent camper et faire la fête. C’est pas compliqué, sur toute la montée, tu verras des tentes un peu partout. Impossible de se perdre, le  chemin est rempli de papiers de biscuits et bonbons. 

Alors côté montée, c’est 1500m de de dénivelé sur un chemin qui est quasiment tout le temps tout droit. Pas le moindre faux plat, pas le moindre tournant pour récupérer. Les racines des arbres servent de marches. Une fois que t’as passé la partie jungle tu montes dans du pierrier pour atteindre enfin un faux plat qui t’amène près du cratère. T’es enfin arrivé au sommet à 2890m. Ouais, je sais, Bruno, y a pas de quoi se la péter en comparaison de tes 6000m. C’est le volcan le plus actif de Sumatra mais en ce moment il fait que crachoter qqs fumées. Les jeunes sont assez surpris de voir un boulé ici donc t’as le droit aux séances de selfi. De là, t’as une vue sur toute la région mais tu entends aussi ce qui est le pire cauchemar d’Indonésie selon toi. Je termine sur le volcan et après je vous raconte ensuite.

Donc côté volcan, tu t’es tapé toute la descente, les genoux ont pris très chers. C’est pas compliqué, t’es en vrac. T’as une capsulite à l’épaule droite de qui t’empêche certains mouvements (et tu te vois pas faire une infiltration en Indonésie), ton mollet gauche te fait toujours mal depuis l’Australie et maintenant ton genou gauche est HS. En conclusion t’es un vieux croulant. C’est très mal barré les 6000m en Amérique du Sud. Vero, garde moi un de tes chaises pliantes pour vieux, j’arrive….

Ce qui est vraiment difficile en Indonésie  c’est de respirer. Ouais ça paraît con. Dans les restos, les bus, les mecs fument clopes sur clopes c’est insupportable. Et dans les rues, les milliers de voitures et de scooters te noircissent tes poumons. Le pot catalytique ? connaît pas ici. Si t’es en scooter, t’es forcément derrière une bagnole ou un bus qui t’en fout plein la gueule. Et donc à 7h du matin dans la montée du volcan, t’entendais déjà le vacarme de la circulation dans la vallée.
Honte à toi, hier tu voulais manger dans un endroit où on ne fume pas et qui n’est pas directement dans la rue. (oui, le soir, les restaurants de rue s’installent vraiment au bord de la route la plus fréquentée. Et t’as le droit au bruit et aux gaz d’échappements).
Résultats, tu t’es rabattu chez…putain la honte… Pizza hut. Interdiction de fumer au rdc mais ces cons laissent la porte ouverte pour qu’on entende bien les scooters et que les gaz d’échappements viennent jusqu’à nous…

Sincèrement, le périphérique parisien aux heures de pointes c’est moins pollué qu’ici.

Demain, t’as privatisé une bagnole à 4h du matin pour faire 90 bornes et rejoindre la ville de Padang où tu prends un ferry pour l’île de Siberut. 6 heures de ferry et après tu vas essayer de trouver un guide assez honnête pour partir dans la jungle rencontrer les mentawai. Si vous avez un peu de temps, faites une recherche sur les mentawai, c’est super intéressant.

Petite anecdote sur la bouffe, ici dans les restos traditionnels, on t’apporte 5-6 plats différents. Et tu payes ce que tu manges.

Ricardo croulant.