On vient de te laisser à Ranupani, tu cherches un endroit pour crécher et surtout te reposer.

Tu vois un peu plus loin un couple qui se prépare à partir. Merde, y a peu de touristes qui viennent ici, c’est con de ne pas y aller avec eux même si t’es crevé. Tu loues une tente, il reste que des 4 places qui pèsent une tonne, merde. Tu vires tout ce dont t’as pas besoin, t’achètes 4 litres de flotte et tu vas déjeuner avec le couple de polonais. Ils sont en voyage de noces et viennent faire l’ascension de différents montagnes d’Indonésie. Ils sont super sympas et apparemment ils doivent bien marcher. Ils ont un certificat médical qui est sensé être obligatoire pour faire l’ascension. Du coup pendant le repas t’essaye de télécharger un certificat sur ton téléphone pour faire un faux mais trop galère.

Ça y est c’est parti. Putains ce sont 2 fusées. Toi, t’es levé depuis 3h du matin et t’as quasiment 10h de marche avec ton sac dans les pattes. Tu vas être le gros boulet. Sur le chemin pour rejoindre le point départ, une infirmerie, comme par hasard… Tu payes 1.5€ pour un certificat basé uniquement sur ta tension. OK c’est bon pour Ricardo. Et dire qu’à Ubud il voulait te faire payer 25 euros.

Personne ne te demande ton certificat ou te demandes de payer, on démarre. En fait, c’est pas un problème de payer quand c’est officiel mais quand ce sont des gars qui ont décidé de se faire du pognon facilement, c’est hors de question. Au Bromo, les mecs ont installé une barrière en bois à l’entrée du village et forcent payer l’équivalent d’un demi repas local.

T’as beau avoir vidé ton sac, il reste super lourd. Pour l’instant ça monte pas trop dur. Il y a 10 km jusqu’au lac puis reste 5 km pour le denier camps avant l’ascension. On est dimanche, plein de jeunes indonésiens sont venus passer le week-end en montagne près du lac. Ils sont tous en train de revenir et  comme le chemin n’est pas large, ça te laisse quelques secondes de répit pour les laisser passer. La plupart sont juste venu camper au lac mais tous ils te dis et ‘good luck’, ‘fight’.

Comme c’est week-end, il y a plein de petites échoppes sur le chemin qui vendent à manger et à boire. Demain lundi, y a aura plus personne sur le chemin donc ils seront tous fermés. Oui, l’indonesien est très business. Plus de 3h de montées et descentes pour rejoindre le lac. Un cauchemar pour suivre les polonais. Euh ils boivent quasiment pas donc peu de poids à trimballer. Si t’avais sû qu’il y avait des échoppes le week-end.

Reste 5 km pour rejoindre le camp. T’as super mal au jambes et tes talons sont en feu. Les polonais ont la gentillesse de t’attendre par moment et tu t’accroches pour ne pas te faire distancer. A un arrêt, tu regardes tes pieds, une énorme cloque éclatée à chaque talon. La polonaise est infirmière, elle te file un compeed. C’est reparti, ça continue à monter. Un chemin que t’aurais fait finger in the nose te prends une plombe. 1h30 pour rejoindre le camp, juste à la nuit. Il est 18h, t’as commencé à marcher à 3h du matin.

Tu montes ta tente et tu vas te coucher, mort. Tu dois te lever à 1h du matin pour faire l’ascension finale qui est réputée super verticale. Un des pansements est parti, y  a plus de peau, t’es à vif, affreux

Malgré la fatigue, impossible de dormir : t’as mal aux jambes, aux talons, t’as froid malgré toutes tes fringues sur le dos.

Reveil à 1h, tu dis aux polonais que ça va pas être possible. Ils insistent, te filent un ibuprofene. En montagne, le but n’est pas être capable de monter au sommet mais d’être capable de redescendre entier. Il y a au moins 4h de monter, quasiment pareil pour redescendre et ensuite encore 5h pour revenir au village. T’es dégouté mais si tu tentes tu vas y laisser des plumes et pas des petites. Tu somnoles jusqu’à 5h du matin et tu te prépares à rentrer. T’as l’impression que t’es chaussures ont rétréci. Même les petits doigts de pieds te font mal. Plus de 4h pour revenir au village en boitant. T’enlève les chaussettes, les compeed ont éclaté, une boucherie.

T’achètes des compresses pour protéger et t’es en sandale.

Tout ton programme d’ascension est mort de chez mort.

Tu payes le prix fort pour revenir en ville et prendre un train pour Yogyakarta.

T’es actuellement dans le train, il n’y a que des wagons ‘executive’ et c’est rempli de gamins. Toi qui voulait te reposer pendant les 7h de trajet. T’es parti, il faisait 30 degrés dans le wagon, au fur et à mesure ça descend, on est à 21. Ils passent donner des couvertures… Tout le monde a mis sa  veste avec une capuche. Il reste encore 1h30 de trajet, pourvu que ça descende pas plus bas.