Alléluia !!

Depuis le début tu te demandais où étaient les touristes au Cambodge. Ils sont à Siem Reap et par millier. T’es arrivé le soir, et t’es parti directement voir la fameuse rue pub street. Elle porte bien son nom et certains bars démarrent l’happy hour à 10h du matin. C’est blindé de monde, il y a des nights markets partout essayant de te vendre des écharpes made in India, des magasins de glace faite à la demande (tu choisis ton fruit, le gars en met un tout petit morceau avec du lait, puis le hache en minuscules morceaux sur une plaque glacée puis l’étale. Enfin il en fait des petits rouleaux très fins. Et voilà ta glace qui est prête), des aquariums remplis de petits poissons qui attendent que tu mettes tes pieds dans l’eau pour bouffer tes peaux mortes (trop fort, tu payes pour nourrir les poissons).

T’as aussi le bugs café où tu peux manger toutes sortes d’insectes cuits : cafards, sauterelles, araignées, scorpions. Toi, t’y es allé pour le serpent. La dernière fois à Yogyakarta, t’avais pas été convaincu donc nouvelle tentative avec une soupe de lamelle de serpent à la hongkongaise, tout un programme. Cette fois ci t’as vraiment le goût de la viande, c’était du python, et bien c’est pas exceptionnel et il y a un tout-petit côté caoutchouteux qui n’est pas top. Rassurez vous, on trouve aussi des vrais restos comme burger king…mais étonnement, contrairement à Kampot peu de pizzeria. Malheureusement t’es pas resté suffisamment longtemps pour te balader hors du ventre ville mais il y a des guesthouse un peu à l’écart qui semblaient sympas.

A Phnom pen, t’étais resté sur une mauvaise impression aux marchés aux fruits donc t’es retourné à celui de Siem Reap pour racheter les mêmes fruits, les longans. Ici, ils ont en du Vietnam, Thailand et du Cambodge et les fruits importés sont un peu plus cher que les cambodgiens. Ah quand même….et ici ils te les vendent au prix touriste mais correct, pas le prix de voleur de Phnom Pen.

Bon, sinon Siem Reap est la porte d’entrée pour aller voir voir les fameux temples d’Angkor.

T’as plusieurs moyens d’y aller :

– prendre un tour organisé, même pas en rêve

– louer un tuktuk avec chauffeur à la journée mais vu que tu vas changer d’avis sans arrêt le chauffeur du tuk tuk va se pendre

– louer un scooter mais c’est pas clair si t’es autorisé à aller sur les sites avec ou pas

– louer un vélo électrique

– louer un vélo mais vu qu’à 9h du matin, on crève déjà de chaud…

Donc tu choisis, le vélo électrique. En fait, c’est un mini scooter avec des pédales et une batterie. Le loueur te dit que quand il reste plus que 2 barres, il faut l’appeler pour qu’il vienne te la changer. Ça sent encore le plan foireux.

Lever à 4h30 du matin pour être sûr de voir le lever du soleil sur le site d’Angkor Vat qui ouvre à 5h.

Tu roules de nuit sur ton scooter qui roule à 30 km/h avec quasiment le menton posé sur les genoux. T’arrives après 12 km à un checkpoint où tu pensais acheter ton billet (oui, toutes les routes qui mènent à Angkor sont contrôlées). Que neni, il n’y a qu’un seul bureau où on les achète donc demi tour à la billetterie qui est super loin. Le gars te demande pourquoi t’as pas plutôt louer un scooter normal. Euh… Suis écolo moi, j’achète le gel douche Ushuaia !! Arrivé aux guichets, t’es à 50% de charge, ça va mal finir cette histoire.

5h05, les guichets sont ouverts depuis 5 minutes, il y a des centaines de touristes qui font la queue. Va y avoir du monde sur les sites.

T’as ton ticket pour 3 jours, tu repars en baissant la tête pour limiter la prise au vent mais tout le monde te double. Tu t’approches d’Angkor Vat, le site le plus connu, t’es plus qu’à 2 barres de batterie. Il y a 2 entrées, tout le monde continue, toi t’es pas sûr d’y arriver. Du coup, tu t’arrêtes, tu laisses ton veau et tu pars à pied sur le site. Il fait quasiment encore noir. Tu traverses un parc avec des grands arbres pour arriver au temple. Putain y a que cinq personnes. Il est où tout le troupeau ? C’est pas qu’il te manque mais c’est que tu dois pas être exactement au bon endroit pour voir le fameux lever de soleil sur Angkor Vat. La luminosité est de plus en plus forte. Tu longes le temple et au détour d’un arbre, alléluia, la brebis égarée a retrouvé son troupeau. Il sont des milliers devant 2 étangs où se réverbère le temple et le soleil va se pointer en arrière-plan. Effectivement, de ce côté là c’est beaucoup plus joli mais va falloir se trouver une place. T’es grand, t’as des grands bras, t’arrives même en étant derrière à voir qqchose et faire des photos. Sauf que comme d’habitude sur les sites où tu vas (récemment Borobodur), t’as du nuage à la place du soleil… Donc sympa mais pas d’effet waouh.

Tu retraverses tous le temple pour récupérer ton veau électrique. T’en profites pour voir le temple avant que les masses débarquent. Alors, vous attendez pas à des grandes descriptions des sites, demandez plutôt à Stéphane Bern, c’est une pointure en patrimoine.

Maintenant qu’il fait jour, tu vois l’environnement autour du temple. C’est superbe. Il y a des très grandes arbres, de la jungle, des grandes surfaces d’eau. Le site est naturellement intégré dans son environnement. Tu remontes sur ton engin, direction l’entrée principale du site pour aller ensuite voir les autres temples. T’es plus qu’à une barre et la vitesse a chuté de moitié. Un mec qui fait son footing va aussi vite que toi. Tu t’arrêtes à l’entrée et t’appelle le loueur. Il est 7h30 du matin, si le loueur ouvre à 10h, ça va être long. Non c’est ouvert, ils arrivent dans 30 minutes. Bon… Entre temps tu discutes avec un français qui te file un bon plan, vers 17h30 tu peux avoir les sites quasiment rien que pour toi, cool, enfin une info de valeur !!

Finalement un gars arrive et remplace la batterie. Tu lui demandes si t’arriveras à faire le tour des sites et revenir en ville avec. Réponse floue, ça doit être son niveau d’anglais… Allez c’est reparti. Quand tu croises les rares couillons qui ont aussi choisi le scooter électrique, on se fait signe. Solidarité. Yo, yo on est écolo, yo yo pas comme le Hulot, yo yo on est pas des charlots yo yo….

Arrêt ensuite à Angkor Thom, voir le fameux temple avec les 256 énormes visages de Bouddhas. Déjà pour accéder au site, tu dois passer sous d’immenses portail de pierre avec une tête de bouddha. Indiana Jones, en scooter électrique.

T’arrives pas au bon moment, t’es dans le timing des bus de chinois et c’est un cauchemar, et en plus le temps est couvert. Les chinois sont une cinquantaine à faire la queue pour se prendre en photo devant un des visages. Ça va pas le faire

Bon cassos vers Ta Prohm. Le site est connu car certaines parties du film Tom Raider y ont été tournées. Certains murs du temple sont mangés par les arbres, assez incroyable.



Là, tu tombes sur un groupe. Ils arborent tous le même polo et la même casquette  »Angkor Treasury’s » (FRAM est battu sur ce coup). Sérieusement, ils sont au moins 100. Jamais vu ça. Bon, faut revoir ta stratégie, t’es en retard à cause du vélo et tu es dans le timing des groupes. Donc le mieux est de faire un tour rapide des principaux sites aujourd’hui et demain tu t’arrangeras côté timing pour prendre ton temps sur les sites qui te plaisent le plus. Surtout que ta batterie est déjà à moitié vide.

Le cadre est vraiment super. A chaque fois pour accéder aux temples, tu dois marcher entre des grands arbres ou traverser des points d’eau. Plus loin des rizières et des points d’eau où les buffles viennent se rafraîchir. T’as aussi des singes qui tranquillement forniquent sur le bord de la route en espérant passer chez Jaquie et Michel. La nature, quoi..

C’est sympa ce côté bucolique mais revenons à ta batterie. Ça y est, c’est mort. T’as pédalé comme t’as pu pour rejoindre le guichet des tickets et t’appelle à nouveau au secours. Encore 30 minutes d’attente avant le dépanneur.

C’est pas possible, autonomie de merde. C’est pas jouable. Retour au loueur où tu lui rends sa merde. Il t’explique que t’es trop lourd et que ton poids use plus la batterie. Et ouais mon gars, t’as été élevé au saucisson, camembert et tiramisu donc le gras, tu connais et t’es pas prêt de le perdre. T’es pas un cambodgien de 50 kg tout mouillé. Putain, t’auras été écolo une demi journée. Finie les conneries vertes, tu passes côté pollution, tu loues un scooter, enfin, un scooter, tu dirais plutôt une épave. Plus de compteur de vitesse, plus de jauge à essence, plus de suspensions, un peu de frein et un klaxonne donc juste le principale.

A midi, le soleil tape trop fort donc tu bulles dans la piscine sans penser aux courageux en vélo. Ouais, tu peux avoir une chambre correcte et une piscine pour 20$ la nuit. Siem Reap, dans la journée, c’est quasiment ville morte, la chaleur est trop forte.

T’es retourné fin d’après midi repérer les sites que t’avais pas encore visité. T’as compris pourquoi à 17h30 tu peux être seul sur les sites, il fait quasiment nuit. Vas y à 2h du matin t’auras l’impression de l’avoir privatisé… Encore une info de baltringue.

Ah oui, t’as un site où tu peux y aller en éléphants, no comment. Tu sens que les pauvres malheureuses bestioles se font chier grave. Il faut aller sur ce site pour le coucher de soleil. Un monde, on se croirait dans une rue de Pékin… Tu dois faire la queue pour y accéder car ils limitent le nombre de personnes en même temps. Bon cassos, au lieu de redescendre par le même chemin blindé, tu passes par le chemin pour les éléphants. Euh si t’en croise un, ça risque d’être compliqué.

Lendemain matin, lever à 5h, pour revoir le lever de soleil sur Angkor Vat. Putain, c’est pire que la veille. T’as l’impression que le troupeau s’est reproduit. Mais pas un putain de nuage. (oui, en ce moment tu dis souvent putain) Un lever du soleil avec un festival de couleur. Inoubliable.

Y avait tellement de couleur que t’es passé au noir et blanc, ouais faut être un peu débile…

Ensuite t’as pu voir les sites que t’avais préféré en évitant les groupes mais pas toujours évident. Et pas de problème de batterie même si t’avais pas trop confiance dans ton scooter. Quel pied de polluer en toute tranquillité.

Plus sérieusement qqs conseils, si vous aimez le vélo, faut vraiment y aller en vélo, et faire une sieste à l’ombre d’un arbre entre 11h et 15h. Il y a plein de chemins et pistes qui sont réservés au vélo et on peut se sentir complètement intégré dans la nature. Et surtout oubliez le vélo électrique ou maigrissez…

T’avais encore une après-midi de rab. Retourner encore voir les temples, bof. T’es pas très loin du lac Tonle Sap. Il y a des villages sur pilotis à aller voir mais tu sens l’attrape touriste à plein nez. Allez, tu prends la totale. Tu prends une après midi avec un circuit d’une auberge de jeunesse. On est censé être 5. Bon on est 12 dans le minibus. Et quand on arrive au quai où une centaine de bateau attend, il y a d’autres personnes qui montent en plus sur le bateau. Le pied. 30 minutes de bateau pour traverser (oui, on ne fait que le traverser) le village sur pilotis Kampong Phlunk. Les habitants voient passer des dizaines de bateaux chaque jour, we are nothing. Si vous avez déjà vu les maisons au lac Inle en Birmanie, pas la peine de venir. Et finalement le bateau, ainsi que tous les autres bateaux s’arrête tout au bout du village, dans une grande bâtisse sur pilotis. Là, tu peux descendre, bien sûr consommer et surtout monter dans une barque pour faire un petit tour dans la mangrove. Des dizaines de femmes attendent impatiemment le client. Bon, t’as commencé à boire la coupe de l’attrape gogo, tu vas aller jusqu’au bout. Donc tu payes pour faire le petit tour en bateau. Ta pilote prend tous les raccourcis possibles. Tu t’attendais à une pause shopping, bien sûr, elle était là. Une dizaine de barques vendant des boissons et des biscuits t’attendent. Tu peux même acheter de l’ananas pour  le donner aux macaques. Mais depuis quand un macaque qui vit dans la mangrove mange de l’ananas ?

Un petit tour et retour au bateau qui nous enmène au bord du lac pour voir le coucher de soleil. Voilà c’est terminé, retour au minibus et retour en ville. Tout le monde est content.


Imaginez vous que vous vivez dans un petit village et que tous les jours des dizaines de bus de japonais s’arrêtent, fassent un petit tour de charrette entre les champs de maïs et repartent. C’est exactement ce qu’on a fait.

Dire qu’il y a un mois t’étais pieds nus dans la jungle avec les chamans mentawais, putain, la chute est rude !

Sinon, tu pensais aller voir un autre temple connu dans les prochains jours mais c’est bon, t’as fait ton quota ‘monuments’ en 2 jours.

Direction le bled de Sem Monorom pour passer 3 jours à t’occuper d’éléphants (en théorie). Est ce encore un piège à gogo…

Ton minibus est à 7h45 du matin, c’est le seul qui est direct. Tu pensais faire grasse mat tranquillement  jusqu’à 7h. 6h45 le téléphone sonne, on te dit  »Sem monorom 7h45 » en anglais. Euh sympa que l’on s’assure que tu sois bien au bus. Mais c’est bizarre. Tu descends à la réception de l’hôtel et manque de pot ceux qui parlent anglais sont pas là. Le jardinier parle un peu anglais et il rappelle le numéro qui vient de te contacter. Ça discute en khmer puis il te dit qu’il faut partir tout de suite. Merde, le transporteur a pas une bonne réputation mais c’est le seul qui fait le trajet direct, faut pas le rater. Pas le temps de la douche, tu trouves un tuk tuk et tu files à leur agence. Ben non, pas de problèmes, t’es le premier, le bus partira certainement pas à l’heure mais pas avec 1h d’avance. Le mec parle pas anglais donc pas la peine de demander une information.

Ricardo, l’écolo temporaire