C’est le départ pour le trek. La veille au soir grosse averse, mais ce matin il pleut pas sinon ca va être folklo.
On est 7, 4 allemands, 2 françaises dont une semble avoir 16 ans et bibi. Les deux françaises veulent leur première jungle expérience. Honnêtement, quand tu les as vu, t’as eu un léger doute sur leur capacité à galérer dans la jungle et finalement, respect. T’avais amené ce qu’on va appeler des compléments alimentaires, cake, fruits, oreo, cacahuètes et elles ont bien taper dedans. En fait, tu t’es fait dévaliser avec des sourires comme flingue.
Un des allemands est malade, les yeux rouges. Quand tu vois ces yeux, tu te dis que c’est pas une tourista. Il passera la première journée à vomir sur tout le trajet. On saura plus tard qu’ils ont fumé la veille de l’opium et ensuite ingéré une boulette. Et c’est là boulette qui passe pas pour lui. Dans les rue des femmes de l’ethnie Akha vendent de l’artisanat mais aussi en douce des boulettes d’opium pour 10 euros.
On nous présente le guide Kam, le mec vient du sud du Laos donc aucun rapport avec la région où on va. Il parle anglais mais pas toujours facile à comprendre. Puis un autre guide qui lui parle pas 10 mots d’anglais mais qui est de la région. La dream team complémentaire.
Premier stop au marché du matin pour faire les achats. Ca permet de voir du chien, de la chauve souris sur les étales. Facile à reconnaître le chien, y a sa tête posée sur l’étale.
1h00 de tuk tuk pour rejoindre le point de départ. Incroyable tout le monde marche bien même le gars qui repeint le sentier. La marche est plus sportive que celle de Luang prabang et beaucoup plus dans la jungle. Les françaises se sont couvertes d’anti moustiques et ont la trouille des sangsues. Ça sent le boulet potentiel.
Les allemands partent en tête, pour une des françaises, c’est la compétition. Un des allemands, grand comme 3 pommes à genou, certainement ancien sergent major dans une autre vie, parle super fort, on est pas prêt de voir des bestioles dans la jungle. Avec les françaises, on les laisse partir devant. En plus, il porte pas de sac donc facile pour lui. Son pote qui porte le gros sac dérape sans arrêt et du coup lui refile le sac. Et là, c’est plus la même histoire. On l’entend plus dans les montées, un problème de souffle peut être. Enfin un peu de silence dans la jungle.
A midi, les gars coupent des feuilles de bananier et sortent du riz et des légumes de leur sac. Bon, ça va encore être un trek végétarien.

Arrivée au village Khone, où vit principalement l’ethnie Lenten
Les femmes portent la tenue traditionnelle, une sorte de grand manteau bleu indigo ou noir et des jambières en tissu blanc, des fils de coton pendent du coup et si elles sont mariées, des pièces de monnaies sont fixées dans leurs cheveux. Le village a l’électricité et donc tu trouves des bières fraîches, les bienfaits de la modernité. Par contre la modernité n’est pas encore arrivée jusqu’à la salle de bain. Y a des priorités. Ils ont aussi de l’alcool local et certains vieux ont bien abusé.

Dîner végétarien alors que des poulets courent partout.
Le guide local, en fait, sert à rien à part sourire car c’est Kam, le guide du sud, qui en fait vient ici quasiment chaque semaine, et qui gère tout.
Le lendemain il est prévu que le soir on dorme dans la jungle. Le guide insiste pour qu’on emporte beaucoup d’eau. On comprend pas car on a pas arrêté de marcher près d’une rivière. Non trop facile, on va partir dans les montagnes et y camper donc faut être autonome en flotte.
Les allemands ont un gros sac pour 2, donc déjà il est lourd mais s’ils rajoutent de la flotte ça va être compliqué. D’un coup, étonnement 2 des allemands trouvent le village incroyablement beau et préfèrent rester y rester dormir… Le jeune guide reste avec eux avec un grand sourire.
On repart avec un porteur du village. Quand tu vois sa tête, tu vois qu’il fume pas que du tabac.
Grande montée dans la jungle, au bout de 30 minutes, pause pour le porteur qui porte pas grand chose. Il a besoin de prendre des forces… Il s’installe par terre, s’allonge et prépare son matériel pour fumer. Une pâte noire, une pipe en bambou, un peu de feu et s’est parti pour 15 minutes de fumage d’opium. Tranquille. Quand ensuite on repart, le gars a des yeux d’hallucinés, il doit certainement marcher au pays des lapins roses.

Le guide prend un chemin qu’il n’a pris qu’une fois et hésite parfois, du coup il demande au gars opiumé le chemin. Faut avoir confiance en un mec qui vit dans un autre monde surtout qu’il faut pas trop s’écarter des chemins car les américains ont énormément bombardé cette région et il reste des machins pas explosés. Quand tu t’écartes pour aller aux toilettes, tu fais attention. La montagne est remplie de sorte de tranchées creusées dans la terre d’environ 1m de profondeur qui servaient aux communistes pour se déplacer.
Contrairement à ce que tu pensais, on ne dort pas dans un camp pré établi. Premier stop dans une forêt de bambous pour en embarquer 3 qui servirons de casserole pour faire cuir l’éternel riz.
On s’arrête au milieu de nulle part et c’est là qu’on va monter le camp version koh Lanta… Va comprendre pourquoi, ils s’installent toujours sur un terrain en pente pour dormir. Coupage de grandes branches pour faire l’armature puis ensuite des feuillages pour le toit.. Mais s’il pleut, on est loin d’être étanche.

Des grandes feuilles de bananier pour le sol.
Oula mais ça fatigue tout ça, il est temps pour le porteur de fumer son opium. Histoire de pas mourir idiot, t’as essayé (t’avais bien essayé le tchopo au Venezuela). Le gars avait pas prévu qu’il y aurait des taxeurs, du coup il n’a que sa dose pour la journée. Il met un peu d’opium dans le feu puis dans la pipe et tu tires sur la pipe. Le goût est très agréable, un peu sucré mais aucun effet apparent.
Par contre le gars est accroc car il se fera encore 2 doses avant de se coucher, une pendant la nuit et une au lever.
Côté dîner, le guide, sort du riz collant et le fixe sur une branche qu’il met prêt du feu. Le riz commence à devenir croustillant et le guide étale avec un pinceau fait jungle de l’œuf cru.
On se retrouve à manger un riz croustillant à 18h. T’as passé beaucoup de nuits dans la jungle à bouffer du riz, c’est la première fois que tu en manges comme ça.

Et en plus, le porteur nous sort déjà cuit un….. Non pas un rat mais un écureuil. Pour 7 c’est peu. Le goût est moins fort que le rat, très bon. Faut juste faire gaffe à pas se péter une dent sur les petits plombs qui sont encore dans la bestiole.
Nuit compliquée, t’es en pente, les feuilles de bananier servent plus à ne pas se salir que rendre le sol moins dur et tu te pèles. Tout le monde est à la même enseigne. Et le pire, c’est le porteur, quand il fume pas, il ronfle comme un porc. Personne n’a vraiment dormi. A 2h du matin, branle bas de combat, un énorme sanglier est passé au pied du camp. Celles qui dormaient pas disent qu’il faisait la taille d’une vache… L’opium peut être….
Tiens, du riz pour le petit dej. Et pas con, le guide fait cuir le riz qu’il porte plutôt que le tien.
Tout le monde est au tour du feu pour se réchauffer.
45 minutes de marche  et on arrive à un hameau hmong. Pas grand monde à part une famille. Le guide raconte l’histoire du sanglier à la famille, c’est devenu la taille d’un éléphant. On est dans une zone protégée interdite de chasse mais on entend bien les coups de feu

On va avoir le droit à un poulet mais faut le chopper d’abord. La technique, le chef de famille prend son coq de combat et s’approche des autres coqs. Il le lance vers les autres et si l’un d’eux se met à se battre, le mec le choppe. Mais pas cons les poulets, ils ont senti l’embrouille, tous se sont barrés. Du coup, ça s’est transformé en course poursuite pour en attraper un qui avait bien compris que ça allait être très chaud pour son cul. 20 minutes de course plus tard, la bestiole est égorgée vivante avec des gamins de 5 ans en spectateurs. Et bizarrement tous les coqs reviennent ensuite jusqu’au prochain jour où des cons de touristes vont débarquer.

Fallait que ça arrive, y en a 2 qui ont pris un mauvais chemin alors qu’ils marchaient avec mister opium. Il fume plus depuis ce matin car il a tout consommé  c’est peut être quand il est clair qu’il reconnaît pas le chemin.
Pour les baltringues qu’on jamais eu d’expérience de jungle, c’est à tester, surtout avec le côté création du camp au milieu de nulle part. Par contre si tu prends la flotte, ça sera pas le même délire.