Yo,
Le soir a débarqué un jeune couple de français à la guesthouse. Ils vont aussi le lendemain à Balabac comme toi mais ils ont déjà tout organisé. Seul problème, ils sont arrivés là veille sur l’île et les distributeurs ne fonctionnent pas donc peu de cash.
C’est des français… Tu les sens pas super motivé pour que tu te joignes à eux. Façon, ils sont dans la merde, ils peuvent pas payer leur circuit.
Lendemain matin, le seul ATM de la ville est toujours en panne, y a que toi qui peut les dépanner sinon ils doivent se taper 10h de bus aller retour dans la journée. Du coup  ils semblent un peu plus ouverts mais t’es pas dupe.
Ils sont en contact avec l’agence qui va leur faire le tour de 3 jours en bateau. Elle vient de leur annoncer que les touristes n’ont pas le droit de prendre le bateau au port où on est. Incroyable, une poisse…. Et ça depuis 2 jours. Et ils connaissent pas la raison. Putain, t’y crois ? Tout ce trajet pour loose sur loose. Ils sont aussi en contact avec  leur guesthouse qui leur dit qu’en plus ils ne peuvent pas faire d’Island hoping c’est-à-dire d’aller d’île en île. En gros, c’est mort. Mais ils leur proposent de venir les chercher en bateau demain tout au sud à Buliluyan. Bizarre, t’as pas le droit de prendre le bateau ici mais tu pourrais aller en prendre ailleurs pour aller dans un endroit qui reste interdit. C’est pas clair.

Tu prends ton scooter et tu vas au port faire l’innocent et tenter d’acheter ton billet. T’as pas trouvé le guichet qu’une femme te dit que les touristes n’ont pas le droit d’aller sur l’île cette semaine. La raison serait une célébration et qu’il y aurait un VIP. Bizarre que sur place ils soient pas au courant. Mais pas de soucis elle fait partir tous les jours des gens de ce fameux port Buliluyan, on peut juste pas aller sur l’île de Balabac ou sinon y dormir mais loin de la ville. En plus, elle fait partir ce matin un groupe de 6 philippins auquel on peu se joindre. Et cerise sur le gâteau le prix pour les 3 jours et moins de la moitié des autres agences. Si c’est pas un coup de pot. Tu retrouves les 2 français en train de se morfondre pour leur expliquer le plan. Et 30 minutes plus tard, on est dans le van avec 6 philippins surpris de nous voir débarquer.
Effectivement à Buliluyan qui est un trou, il y a des pirogues et on embarque direction l’île de Bugsuk et s’installer sur l’immense plage de sable punta serabing pour les 2 prochaines nuits. Ça doit ressembler aux îles thaïlandaises il y a 30 ans. 2-3 maisons en bois, un groupe électrogène pour un peu de lumière le soir et tu campes sur la plage.

Faut venir ici très rapidement car ils sont en train de construire une piste d’atterrissage pour avion. Ça va se développer à une vitesse ensuite. Dans moins de 10 ans, t’as Macdonald…
Les philippins ont pas l’air trop content de se retrouver avec nous et on fait même table à part. Étonnant pour des philippins.
Et incroyable, y a un autre couple de français qui est là depuis 2 jours. Eux ont été prévenus à l’avance qu’ils pouvaient pas prendre le bateau et en cherchant sur les réseaux sociaux ils ont découvert que le gouvernement locale avait demandé aux touristes sur l’île de Balabac de partir. Et ils ont trouvé un opérateur qui les a fait passer par le même chemin que nous.
Seul gros hic, on a un temps très moyen, des gros nuages gris donc sable blanc et mer turquoise, ça rend pas vraiment.

Le couple a un drone, ils ont fait la veille des vidéos incroyables avec un super soleil. Tu les as récupérées car vu le temps qu’il fait, jamais tu verras pareil.
Première après midi à buller sur une plage. C’est le seul moment où tu auras des éclaircis. T’as lâché les 2 autres français qui veulent rester dans leur coin et t’as embarqué sur le bateau des français et de leur drone, direction  une minuscule île, Bobby, où des gamins s’amusent. Quand ils ont vu le drone, ça a été la folie. Dîner de crabes et de riz bien sûr…

T’as acheté une bouteille d’alcool et invité les philippins mais que dal. Vraiment surprenant.
La nuit annonce le temps du lendemain : il pleut dans la tente à 2h du matin, oui pas de surtente ici..
Lendemain, au réveil, temps super pourri, gros nuage gris..
On a une pirogue pour nous, apparemment les philippins veulent être seuls sur leur pirogue.
C’est parti pour rejoindre la première île, une barre de sable qui fait 1 km de long, la plus grande des philippines. On y est à marée haute, bon, il reste plus que 100m, ça rend pas pareil. Sinon, ils ont des étoiles de mer qui ressemblent venues d’une autre planète et à certains endroits, il y en a des centaines.

Destination une autre île paradisiaque. A chaque fois, à part quelques cahutes de pêcheurs qui ramassent des algues, il y a personne.

On navigue sur des eaux de couleur incroyable avec du soleil mais avec ce temps de merde, ça fait chier.
Il y une petite île fabuleuse, Onuk, avec un tout autour des couleurs bleues et vertes. Un petit paradis. C’est l’île à pas rater. Mais avec notre pirogue à balancier qui se traîne il faut plus d’une heure et la mer est de plus en démontée. On se tape des creux deux fois plus haut que la pirogue. Toi, t’avais ton kway et t’as quand même prix cher, les 2 autres avaient rien et ça a été dur.
On arrive enfin à l’île, temps pourri, tu fais 2-3 photos histoire d’avoir pris des photos… Ça fait pas 10 minutes qu’on est là que le pilote de notre pirogue nous dit qu’on doit partir. Le maire de Balabac, qui est le propriétaire de l’île, est ici avec des invités et veut qu’on dégage… T’es en train de discuter avec les invité du maire qui t’offrent une noix de coco, et au même moment on te dit de dégager…. Pareil pour le groupe de philippins. Façon avec ce temps de merde..

On rembarque sur la pirogue, on est sensé aller voir une autre île mais vu la météo et les vagues, on souhaite juste rentrer au camp. Sauf que ça s’aggrave. Il se met en plus à pleuvoir, on voit plus les îles au loin et parfois vu la puissance du moteur, on a l’impression de faire marche arrière. Quand le temps commence à se dégager, virage à 90°, on allait pas dans la bonne direction. Et là tu te dis que t’es sur une petite pirogue à balancier dans une région déconseillée par l’état français et interdite par le gouvernement local. En cas de la moindre merde, on va pas être beaucoup soutenu… Grand moment de solitude quand en pleine mer le moteur a eu des ratés et qu’on s’est arrêté… On est arrivé en piteux état mais pour le pilote du bateau, c’était tranquille. La française tremblait encore 30 minutes après avoir posé les pieds sur la terre ferme tellement elle s’est fait peur. Toi, depuis que t’as sauvé de la noyade une gamine, t’es devenu à moitié marsouin…
Un autre groupe de philippins a débarqué au camp. Ils dormaient sur l’île du maire et ils ont du partir aussi. On a la raison. En fait, le maire fête son anniversaire demain sur son île et va y  avoir des VIPs (dont tu fais pas parti…) et il veut voir aucun baltringue traînait….
Lendemain matin, le temps est un poil mieux mais tu compares ce que tu vois et les vidéos de ceux qui y étaient la veille, t’as l’impression de pas être au même endroit… On s’arrête encore à 2 petites îles avec toujours cette couleur incroyable. Alors, ouais les photos, t’as accentué le contraste pour essayer de faire ressortir la couleur de la mer mais regarder les nuages à l’horizon..

Et toutes les vidéos ont été faites la veille de ton arrivée… Comme quoi, à un jour près… Le pire c’est ceux qui vont vouloir se pointer sur Onuk, le jour de l’anniversaire du con de maire…
Retour au port trempé, tu négocies avec un mec pour qu’il fasse 60 bornes avec sa moto pour te ramener à Rio Tuba pour récupérer ton scooter et ensuite c’est 4h30 de route pour arriver à Puerto Princessa à la nuit.

Ouais, car repasser une journée à Rio Tuba à regarder passer les camions…. Celles qui balaient la rue pour enlever la poussière portent même des casques, ben ouais quand tu bosses pour une entreprise minière, la sécurité compte.
Sans déconner, toutes ces bornes pour un guide invisible et de la pluie sur une des plus belles îles du monde qui est encore intacte.
Donc, toutes les vidéos de drone, ce sont pas les tiennes et t’as pas vu la même chose.
Par contre, si vous cherchez un endroit encore pas touché par le tourisme, c’est là qu’il faut venir..
Ricardo qui pleure…