Yo,

Deuxième partie du circuit, tu rejoins le fleuve Zacambou où tu vas passer 4 jours sur un lodge sur pilotis sur le fleuve. A part une petite communauté à une heure de bateau, il n’y a pas d’habitant dans ce coin.

On est dans ce qu’ils appellent la partie basse de l’amazone, les terres sont immergées quasiment toute l’année. Ce coup ci t’as d’un côté le Brésil, et de l’autre le Pérou. Au lodge, ils ont récupéré il y a 5 ans un minuscule single, un ouistiti pygmée, la race la plus petite du monde. La bestiole a perdu une partie de sa queue lorsqu’une autre bestiole plus grosse a voulu la boulotter et a été ensuite abandonnée par ses confrères. Elle tient dans la main et quand tu la caresses, on dirait plus des plumes que des poils. Une paire de gants fourrés avec sa fourrure, ça doit être super doux. Poser pas de questions concernant la banane sur la photo, tu dois la trimbaler jusqu’à… pff au moins.

Premier soir, ils nous proposent d’aller faire un tour en canoë à moteur sur le lac qui est juste à côté. Le français, Mickael, est habillé des pieds à la tête en cas où un moustique s’approcherait. Et il ne monte sur la barque que s’il y a un guide… Donc on se balade, le guide essaye avec sa lampe de détecter des bestioles mais à part un serpent qui roupille pas grand chose.
Enfin des loupiotes oranges se reflètent dans sa lampe. Peut-être une paire de pompes potentielle. C’est pleine lune, c’est pas le meilleur moment pour les attraper car la lumière nous éclaire. On se rapproche lentement sans bruit, le guide essaye de choper les pompes, pas assez rapide, elles disparaissent sous l’eau.

On refait un petit tour et on revient au même endroit, on revoit les 2 loupiotes oranges. Retentative et reratage. Le guide veut pas lâcher l’affaire et les pompes ont l’air de nous provoquer à réapparaître au même endroit. Finalement il chope la bestiole, un caïman, qui doit faire un mètre de long. C’est une jeune car les adultes font 4 mètres de long. T’es déçu, vu la taille, au mieux tu peux te faire une ceinture mais jamais une paire de pompes. 3 fois qu’elle revient au même endroit alors qu’on a déjà essayé de l’attraper, c’est pas pour que dal. Sans déconner, c’est de la provocation, le sac à main potentiel veut être sur Instagram…
Le lendemain matin lever à 4h30 pour prendre le bateau est aller voir le lever du soleil. Ouais, on aurait pu largement le voir dans aussi bien du balcon du lodge. Puis on part faire une balade en canoë. 2 bateaux, un guide et cinq touristes. Forcément le Mickael est sur le bateau avec le guide, sécurité avant tout. On va passer la matinée sur le bateau, il est en grosses chaussures, jean’s et t-shirt manches longues, manque plus que la capuche. Toi, t’es sur le bateau avec un couple de Suisse. On pensait se balader tranquillement le long du fleuve. Que neni, on s’embarque dans la jungle, le but étant de slalomer entre les arbres en évitant les broussailles pleines de bestioles qui piquent et qui grattent. En fait, t’es dans la jungle mais sur l’eau. Étonnement, sur ce genre de barque longue et lourde, c’est le mec qui est à l’avant qui est le barreur. C’était le suisse à l’avant et on a pas raté un arbre, pas un. On a passé notre temps à faire des marches arrières pour se sortir du merdier dans lequel on était.
C’est pas compliqué, 3h plus tard t’es recouvert de feuilles et piqués de partout. Et ouais, t’aurais du t’habiller en Mickael. On a vraiment l’impression d’être au milieu de la jungle. A un moment, on entend un énorme bruit comme si un arbre venait de tomber dans la jungle. Puis plus tard, un bruit sourd et répétitif. Ponc… Ponc…. Ponc… Ponc… Des bûcherons alors que c’est interdit . Le guide s’arrête pour nous montrer un machin tout en haut d’un arbre. T’as beau zoomer, ça reste une boule de poils. En fait c’est un paresseux.
L’après midi, on va voir les dauphins. Ils pullulent dans le fleuve, des gris, des roses, des moitié gris et moitié rose. Les roses sont vraiment roses. C’est l’heure de la chasse pour eux, et ils apparaissent quelques instants à droite pour réapparaissent ensuite à gauche. Les guides sifflent, tapent dans l’eau avec leurs rames, genre ça va les faire venir. Que dal, ouais. Quasiment impossible de les choper en photos. Pourtant ils savent qu’on vient de loin pour les voir, ils pourraient faire un effort. En bord de fleuve, t’as des arbres couverts de piafs. A se demander si ce sont pas ceux là qui rentrent le soir à Leticia. Autant on doit pas déranger les araignées dans leur trou autant là, tu peux te faire plaisir pour faire s’envoler la bande de piafs qui bullent sur l’arbre.
Le guide nous amène à un lac où il n’y a pas trop courant pour se baigner. Avant t’as demandé s’il y avait pas le fameux  »poisson pénis ». Il doit avoir un nom plus technique mais c’est le poisson qui rentre dans ton urètre et qui en ressort que sous opération médicale. Oui, rien qu’à y penser t’as déjà mal, non faut même pas y penser. Non, c’est que dans les points d’eau fermés, statiques.
Les sushis en sursis tournaient à 30m de nous mais chaque fois que tu t’approchais, ils se barraient. L’eau est marron, même avec un masque tu verrais pas à 50cm. Le ‘Mickael’ a hésité à descendre dans l’eau mais il voulait pouvoir dire à sa mère qu’il s’est baigné dans l’Amazonie avec des dauphins roses. On a du d’abord y aller avant qu’il y mette un pied. Mais auparavant il a demandé s’il y avait des paires de pompes grande taille dans le coin.

On revient de la balade, on va vers les salles de bain, t’as une chauve souris qui trouve pas la sortie et qui tourne au plafond. Oula, Mickael part en courant. Il a rien à craindre, pourtant, il a pas de cheveux…

Le lendemain était prévu un long trajet en bateau de 3h puis 2h de balade dans la jungle où tu fais un feu, et patati et patata et 3h de bateau retour. L’autre activité est une matinée de pêche aux piranhas (oui Gabriel, cette fois on est sur un fleuve où il y a des poissons). Il pleut sans arrêt depuis 5h du matin. Le bateau qui doit faire la longue activité à la journée n’a pas de toit alors que celui pour la pêche où on fait 5 minutes de bateau en a un. Bizarre ce choix de bateaux, les guides se sont peut-être dit que si on nous propose la journée avec le bateau sans toit, aucun voudra y aller vu le temps pourri. Qu’est ce que tu vas aller t’enmerder assis 6h sous la pluie, marcher 2-3h dans la gadoue, puis essayer d’allumer un feu. Vu ce qu’il tombe, il va faire gris, peu de chance de voir des bestioles, tes fringues sécheront jamais, joker.
Le Mickael et une allemande y vont. Toi avec l’autre français, t’as pris l’option pêche. Même avec un toit, on est humide. Le bateau s’enfonce dans jungle. Côté matos de pêche, l’investissement est minime, une branche, un bout de fil de pêche et un hameçon. C’est pas comme un certain charlot du KB qui achète des canes japonaises de compétition pour attraper des échantillons de poisson. Comme appât, de la peau de poulet. Pour appâter le poiscaille, tu secoues très fort le bout de ta cane dans l’eau pour faire des remous. Ouais, technique locale pour les prévenir qu’il y a des touristes. Chap, essaye, peut être que tu choperas un poisson.
L’autre français a juste le temps de mettre son hameçon dans l’eau qu’il a une touche et qu’il sort un piranha rouge. La vache, elles ont faim les bestioles ou il est doué. Le poisson est trop petit, il repart à la flotte. C’est le seul qu’il attrapera de la matinée. Toi, ça mordille rapidement mais impossible d’en accrocher un. T’as la pression, t’es potes avec le plus grand pêcheur (1.90m) du Kremlin-Bicêtre. Tu peux pas lui faire honte. Finalement, vu la pression sur tes épaules, t’en chopes un blanc mais aussi trop petit. Et puis va comprendre, ensuite t’en sors un toutes les dix minutes mais à chaque fois trop petit. Résultat t’en as choppé qu’un seul qui puisse être bouffé. Le guide en a chopé un aussi qui a le droit d’être boulotté. On est eco-piranha friendly ici. T’as une chaîne alimentaire particulière. Le poulet se fait manger par le piranha qui lui se fait manger par le touriste qui lui se fait dévorer par les moustiques. L’autre français s’était parfumé en citronnelle, il a pas été déçu. Toi malgré ton fameux DEET, t’as bien une trentaine de piqures. Ils en viennent même à te piquer les oreilles. Gabriel, Kinnary, plutôt que Cuba, venez à Zacambu, rien que le nom est déjà plus rigolo.
Fin d’après midi, le Mickael est revenu de sa journée ‘rainman’ légèrement humide. Il comprend pas que sa doudoune ne soit pas imperméable. Je sais pas, appelle ta mère pour lui demander…

On est retourné le lendemain à la pêche aux piranhas avec le Mickael et 3 allemands. Alors là, grand respect, voir très grand respect. Un des allemands est arrivé à choper une bestiole de 70 kg avec juste un bout de bois, un fil et un hameçon. 70 kg facile. Alors Chap, un commentaire ? Au moment le bateau se déplaçait le gars est arrivé à ce que son fil s’accroche dans une branche et l’hameçon se plante dans la main. Forcément avec le bateau qui se déplace, et la branche qui bouge, le hameçon s’est planté profondément dans sa main. 70 kg de barbaque allemande. Impossible d’enlever l’hameçon. Donc retour au lodge mais pas mieux. Seule solution l’hôpital. Ils ont le choix entre l’hôpital de la ville de Leticia ou celui d’un petit village. Bizarrement, ils ont préféré aller à celui de la ‘grande’ ville. Mickael, lui , aurait demandé un rapatriement sur Bogota voir Paris. Véridique, comme des poissons avaient déjà mordu l’hameçon, il pensait que si les poissons avaient la rage, ils risquaient de le transmettre via l’hameçon. Et ouais, on est sur du lourd ! En tout cas il a attrapé son piranha et a demandé au guide de lui récupérer la mâchoire avec toutes les dents. (ouais c’est un warrior). En parlant de dents, le gars tenait un piranha dans la main et lui mettait une petite branche dans la gueule ; un coup de mâchoire et c’était coupé.

Petite devinette : Sachant que t’es en plein Amazonie, qu’elle est la marque de bière vendue au lodge ? Amazonia, Jaguar, Ah que calor, Tarentula… Perdu, c’est de l’Antarctica. Ouais en plein Amazonie.

Les rares dizaines de minutes où t’as eu du soleil transforment complètement la jungle. Le vert s’anime, même le fleuve passe du gris au marron (oui, oui, le marron est plus joli que le gris). Pour ceux qui se forcent à lire ce blog et qui aimeraient une petite expérience sans risque dans la jungle, c’est certainement une bonne idée de venir ici. Non, non toujours pas pour toi Jean-Philippe. Faut y aller par étapes progressives. Essaye d’abord un pique nique dans la forêt de Fontainebleau.

Maintenant 12h de bateau pour rejoindre la ville d’Iquitos au Pérou. C’est ensuite que les vraies galères vont commencer pour trouver des transports. T’en as pas encore croiser qqun qui est venu par où tu veux aller. Ça promet.
Euh quand tu dis maintenant, t’es optimiste. L’agence t’as pris un billet pour un départ à 5h du matin alors que tu reviens de la jungle avec eux à 16h. Forcément le bateau, il est plus trop là.. Ça discute, c’est pas leur faute alors que tu leurs avais qu’il y avait un problème. Blablabla, finalement t’as un bateau qui part à 23h, celui que tu leur avais demandé de réserver alors qu’ils disaient qu’il y en avait pas. Tu vas te reconvertir en dénicheur de boulets.
Caïman Ricardo