Après ce super succès sur le Cotopaxi avec ta trompette d’argent t’es parti direction sud pour le bled de Latacunga. Ouais, pour l’instant pas la peine de t’attarder pour tenter le Cayambe et le Chimborazo. Déjà qu’une trompette ça prend de la place dans le sac, alors une collection.
Alors, pourquoi aller à Latacunga ?

Pour son vendeur de citrons ? pour ses gigantesques corbeilles de fruits? Pour son délirant fleuriste ? Pour son chien mannequin ? Pour un de ses rares ‘restos’ ouvert un vendredi soir ? Ou enfin pour croiser du trekker tout confort qui trimbale sa chaise pliante? La liste est sans fin. Sans parler des vieilles places historiques et ses églises mais ça, y en a partout. Si grâce à toi, ils ouvrent pas un office du tourisme en te nommant manager.

C’est le point de départ pour rejoindre un autre bled, Quilotoa, et faire sa fameuse boucle qui est en fait un trek en ligne droite.
Depuis le début, en regardant les photos sur internet t’es pas convaincu et surtout il y a souvent une météo de merde. Ok, il y a un très beau lac mais franchement, y a des lacs partout ici. Mais même les locaux te disent que c’est superbe. Alors… Inchallah.
Le gars de l’hôtel te dit que si tu montes sur la terrasse, t’as une superbe vue sur le Cotopaxi. A deux doigts de se prendre une trompette dans la tronche, le gars. Sujet encore sensible… De toute façon il fait nuageux et on voit rien.
Le trek est sur 2 ou 3 jours en fonction dans quelle catégorie de baltringues tu joues.

T’as pris un premier bus local pour Zumbahua. 40 places dans le bus, on est 70. Toutes les femmes ont le même look sympathique, le borsalino, le collier doré, une couverture polaire qui leur sert de poncho, une  jupe plissée et des souliers noirs. La hauteur des talons et la longueur de la jupe sont liés à l’âge. Plus t’es jeune et plus la jupe est courte et les talons sont hauts.
On est à 3700m, les montagnes sont couvertes de champs et pas un tracteur, tout à la bêche. La route serpente entre les montagnes et incroyable un grand soleil illumine tous le paysage. Impossible de faire des photos du bus, le dessous de bras d’un gars gâche le paysage.

C’est le jour du marché. Il y a une queue monstrueuse.?? Flunch vient d’ouvrir ? Tu vas jeter un œil. Merde, pas de Flunch, c’est juste la queue pour la banque, 200 personnes qui attendent. Et les banquiers, Laure, Guy et Sylvain, vous voulez pas un vrai métier de banquier ici? Pas le temps faire une pause café ici quand t’as 200 personnes qui attendent.
Les mamies au visage cuivré et buriné par le soleil. C’est ça de passer ses journées à buller sur les plages de la cordillère des Andes et descendre des pinacolada. Encore une vie facile.
T’as raté la camionnette pour rejoindre Quilotoa. Le chauffeur de taxi te dit que c’est dangereux de faire ce trek car il y a des ‘ladrones’, des voleurs de grands chemins.
Pas grave, arrivé au village de Quilotoa, tu passes au CCBGQ. C’est juste en face du parking pour ceux que ça intéresse. Le Club Canin Body Guard de Quilotoa. Alors, tu sais pas comment ils fonctionnent mais au bout de 2 minutes de marche t’as un chien qui s’est accroché à tes basques et même pas un aboiement, un mot, rien. Il aurait eu un téléphone tu l’aurais confondu avec Edgar ton guide du Cotopaxi. Tu fais 100m et tu es déjà sur le chemin qui fait le tour du lac. Pour une fois, t’as bien fait de ne pas t’écouter et de venir car avec le soleil la vue est magnifique. Le lac est d’une couleur verte assez exceptionnel. Tu peux même descendre jusqu’au lac et faire du kayak. L’objectif est de faire une partie du tour du lac puis partir en direction des villages. Ton bodyguard est toujours avec toi. Dès que tu t’arrêtes pour faire des photos, il t’attend tranquillement en surveillant les alentour, tu sens le chien expérimenté, très professionnel.
T’arrives à l’intersection où tu peux soit faire le tour complet du volcan soit partir en direction du premier village Chugchilan. Petit stop et tu files un gâteau au cleps qui du coup fait des bonds dans tous les sens. Grosse erreur, très grosse erreur. Quand il voit que tu ne pars pas en direction du tour du lac, il est moins motivé. Tu commences à croiser d’autres marcheurs qui font le circuit dans l’autre sens. Oui, en fait tout le monde termine par où t’as commencé pour finir avec la superbe vue sur le lac. Toi, tu t’es dit que t’allais arrivé au bout du trek au lac avec un temps pourri donc t’as préféré commencer par le lac histoire d’être dégouté d’entrée. Mais pour une fois depuis un mois, t’as eu un gros coup de pot côté météo car ça s’est couvert ensuite.
Ouais, donc, tu croises d’autres qui viennent dans l’autre sens. C’est là où t’as fait l’erreur de payer le chien avant. Le bougre est reparti avec les autres. Ne jamais payer un artisan avant la fin du boulot, qui paye un plombier avant qu’il est réparé la fuite d’eau, personne. Résultat plus de protection.
Juste un point sur les ‘ladrones’ locaux que t’as croisés. T’as, sans arrêt, été agressé par un ‘Buenos dias’ ou un ‘hola’, à donde vas’. Des vrais méchants.
Direction le village de Chugchilan. T’as juste 1000m de dénivelé négative puis positive à taper. Mais tu dois faire un choix. T’as 2 chemins, le chemin ‘seguro’ et le chemin ‘extrema’. Ton côté trompette d’argent t’as fais hésité une seconde. Tu croises dans l’autre sens d’autres trekkers qui font une pause. Un des gars te voit arriver par le chemin et te demande si c’est le chemin pour rejoindre le lac. Euh, t’as le panneau, tu vois un gus qui descend par ce chemin et tu te poses la question. Tu serais pas trompette de platine ?

En parlant de trompette, t’as croisé un gars au milieu d’un chemin qui se trimballait un saxophone, un vrai. Il a fait quoi pour obtenir le saxo ? demi tour sur le Chimborazo ? Chaque montagne a son instrument/diplôme de loose ici?
T’arrives d’abord à un village plein de ladrones qui te disent bonjour.. Mais le plus fort c’est le panneau indicateur. Ah, ici on rigole pas sur la précision !
Côté chemin extrema, mouais. Il y a 2-3 passages où il faut faire attention mais même les boulets de Menton auraient pu le faire. Euh, juste pour la partie descente.
Je vous laisse découvrir les paysages via les photos. Vous voyez, c’est rarement plat.
T’arrives à 12h30 au village de Chugchilan. Ça fait super tôt pour passer la nuit au milieu de nulle part donc t’enquilles sur le prochain village Insivini. T’achètes pour 2$ un gros morceau de poulet et des frites à une dame dans la rue et c’est reparti. Il faut juste redescendre à nouveau dans la vallée, passer un pont en bois et retaper à nouveau les 1000m de dénivelés. Les nuages arrivent au loin, faut pas traîner.
En haut d’une montée, t’as un canasson qui traînasse. A peine il te voit, il vient vers toi. Il aurait pas été attaché, il te suivait. Ouais c’est bon, t’as plus confiance dans la faune locale. T’arrives enfin au village d’Insivi. Alors faut pas s’attendre à des villages très typiques même si dans le lonely planet, t’as l’impression d’être au bout du monde. T’as même un super lodge avec un spa. Le village, enfin les 2 rues, est tout petit et il y a rien de particulier à part les 3 lamas qui broutent dans le jardin de la guesthouse.
T’as tapé le tarot avec 4 autres français. Sérieux, toi t’es trompette, ok, mais eux c’est le délire. Ils vont aussi tenter le Cotopaxi dans 2 jours. Ils ont fait aucune acclimatation, ils ont eu du mal sur ce circuit qui est un faux plat en comparaison du Cotopaxi. Une fait quasiment aucun sport. Ils ont aucune idée de ce qui les attend. Mais va savoir… Inchallah comme dirait l’autre.
Dernière petite marche sympathique de 2h pour rejoindre le bled de Sigchos et choppé un bus pour Latacunga puis un autre pour Ambato et enfin un denier pour Banos où tu vas essayer de faire du rating.

Pour une fois t’es bon côté timing car maintenant tout est couvert de chez couvert. Le lac a du perdre sa couleur, tout est devenu gris, il pleut. Mais quel coup de génie d’avoir fait le circuit dans l’autre sens.

Ricardo, génie malgré lui…

Ps : un petit commentaire lié à l’actualité, toi, le Cotopaxi, tu l’as lamentablement vautré sans oxygène…