Direction plein sud de l’équateur pour passer au Pérou.
Tu commences tranquillement par 4h30 de bus pour rejoindre la ville de Loja. T’as vu que de là il y a des bus qui te gèrent tout le transport jusqu’à l’autre côté de la frontière. Tss, tss, trop simple. Ça avait été déjà trop simple côté Amazonie alors ce coup-ci t’as décidé de pimenter le truc. Donc tu sautes dans le premier bus (6h pour 170 bornes ) pour rejoindre Zumba.  Passage par la ville de Vilcabamba, la ville des centenaires, pour ceux qui voudraient vivre vieux… Sylvain, revends ta chambre d’Ephad et viens t’installer ici avec Mme Burger. Mais côté Beach volley, ça sera un peu plus compliqué.
Le bus passe par des cols de plus de 3000m pour redescendre dans des vallées, longer des flancs de montagnes. La nature est intacte à perte de vue, pas un village, pas la moindre trace de champs. Plus on monte et plus on s’enfonce dans la brume. Trop con t’as été au temple du soleil, un sacrifice, faire, tu aurais dû..
Finalement après le dernier col, on ne fait que descendre. La route se transforme en piste et ça doit être un cauchemar en saison des pluies.  Pour ceux qui connaissent la ‘Ruta de la muerte’ en Bolivie, c’est un peu la petite sœur.  Plus on descend plus on voit que la civilisation reprend ses droits, des pans entiers de montagnes sont déboisés.
La dernière heure se fait de nuit, confiance… Arrivé à Zumba, tu sais pas trop où descendre car le ‘terminal’ est à une borne du centre ville. Sans déconner le bled est tout petit et ils ont fait le terminal des bus à 1km. Soit la mafia des taxis est intervenue soit le maire voit très grand.
Depuis le début on te raconte que des conneries : Au guichet du bus, on te dit qu’il y a un bus à minuit pour la frontière, l’aide chauffeur te dit qu’il y a un bus qui part à 19h. Ouais bien sûr il reste plus d’une heure de trajet et la frontière ferme vers 19h…  Donc, t’es là dans le bus à te demander où descendre. T’as demandé à un gars qui t’a indiqué un hôtel que t’espérais pas aussi bien surtout pour le bled.
Et là, tu fais l’erreur de débutant. Dès que tu vois marqué cevicheria t’es attiré comme un aimant. Tu commandes un ceviche sans poser de question. Quand on te l’apporte tu te dis que t’es à plus de 15 heures minimum de transport de la mer (gros doutes sur la chaîne du froid). En plus c’est un ceviche tiède et de crevettes. A la première bouchée,  ton estomac a dit qu’il fera de son mieux mais il garanti rien. Nuit lourde…
Côté Zumba, en arrivant, t’as pas vu grand chose à part quelques rues animées. T’es à peine plus de 1000m d’altitude donc beaucoup plus chaud et les gens sont dans la rue mais étonnement personne ne danse dans la rue (ouais, elle est un peu facile)
Lendemain matin, un ciel bleu pendant 30 minutes comme t’as pas vu depuis 1 mois. Maintenant faut prendre une ranchera, un camion transformé en transport public avec des bancs en bois pour rejoindre la frontière. 2h pour 30 bornes, ça laisse le temps d’apprécier la brume et comme tout est ouvert t’as vraiment l’impression d’être intégré dans le paysage.
Mais ou sont cachés les gorilles ? Tout le monde, du plus jeune au plus vieux, balance ses papiers et bouteilles plastiques vides par la fenêtre. T’arrives enfin à la frontière. Toute cette partie du voyage aura certainement été la meilleure d’Equateur.
Un pont pour passer d’un pays à l’autre. Tu sors du poste d’immigration au Pérou et véridique de chez véridique, tu prends la pluie pour ta première minute au Pérou. Si c’est pas un message. Alors, les frontières, ça arrêtent les particules nucléaires mais pas les nuages ?
Tu sautes dans un taxi collectif direction la ville de San Ignacio. Sans déconner, un vrai tueur côté enchaînement le Ricardo.
De là il est trop tard pour aller directement à ta destination finale (le collectivo est que tôt le matin). Pas grave, champion tu es, tu reprends un collectivo qui t’abandonne au milieu de nulle part, Tamborapa où là tu dois choper un transport qui va à Huancacamba. I believe I can fly tellement c’est facile.
Sauf que, t’as beau être à Tamborapa à 13h, pas un transport en direction de ton bled. Apparemment il n’y a des transports que le matin. Et là c’est chute libre de ton petit nuage. Ricardo en piquée.

T’es à l’intersection, assis à la terrasse d’un boui boui et tu vois les bagnoles passaient mais quasiment aucune prend l’embranchement. Et les rares bagnoles qui s’y engagent sont bourrées jusqu’à la gueule, même à l’arrière des pickup tu peux pas monter. Et ouais le principe des collectivos est de partir que lorsqu’ils sont pleins donc pour en chopper un en cours de route. 1h que t’attends, ‘I believe I can wait for ever’. Une serveuse, le cuistot, et les dames qui tiennent leur stand de l’autre côté de la route sont tous au courant et quand tu vois une bagnole tourner, ils te disent si c’est la peine de tenter ta chance. Alors vous vous dites, ‘bien fait, il avait qu’à prendre le bus all inclusive’. Non ça change rien, car il t’aurait laissé au même endroit. On te fait comprendre (ouais, ils parlent super vite au Pérou et tu as du mal à les comprendre) que t’as aucune chance à cette heure de trouver un transport jusqu’à ta destination, il va falloir changer en court de route. Ça se complique.
Bientôt 15h, une bagnole arrive, le coffre rempli de bagages et 5 personnes dedans. Tu tentes ta chance. Tu comprends pas grand-chose mais elle va dans la bonne direction et tu devrais pouvoir monter. Le mec met tous les bagages sur le toit. Tout le monde se demande où tu vas t’installer vu que ce sont pas des petits gabarits dans la bagnole. Et là tu comprends que ta place est dans le coffre de la bagnole… Ouais. Coup de chance il transporte un matelas.
C’est ça ou pas grand chose d’autre. T’en as pris des transports à la con, mais t’as jamais fini dans le coffre d’une bagnole. Une grande première !
On est parti, t’as ton menton posé sur les genoux avec une belle vue imprenable sur le ciel via la vitre arrière. Et la meilleure, c’est que t’as aucune idée jusqu’où tu vas avec cette bagnole ni comment tu vas faire par la suite. Inchallah comme dirait l’autre.
La route ou plutôt la piste dégueulasse n’est faite que de lacets et tu remontes une vallée quasiment parallèle à celle que tu as descendu le matin. Tiens ! Un checkpoint, 3 para militaires armés font la quête / rançonnent les bagnoles qui passent. Le chauffeur doit avoir l’habitude et a déjà l’argent dans sa main. Soit disant, ils sont là pour assurer la sécurité de la route car il y aurait des ladrones.
Plus de 3h de bagnole comme ça juste pour faire 60 bornes.
Chaque mur visible des maisons en bord de route est peint en blanc avec le même slogan pour les prochaines élections. Ici, les gens louent leurs murs, façades aux politicards mais au lieu de mettre une affiche, ils peignent le mur.
Finalement t’arrives à un bled qui n’est même pas sur ta carte. Terminus pour toi. En traversant le bled, t’as vu 2 hospedajes, une définitivement fermée et une en construction, ça pue. Dans ta tête, t’es prêt à sortir les biftons (ça veut dire 20 à 25 euros. pour privatiser une bagnole pour faire les 60 bornes qui restent. Mais à l’arrêt le chauffeur te dit que la bagnole qui est en face part pour ta destination. Waouh ! Gros 4×4, siège en cuir et t’es assis devant. I believe I can fly… Tu passes de coincer dans un coffre à siège en cuir. On mettra 3h de nuit de route dégueulasse, en grande partie dans la brume pour arriver enfin à Huancacamba. Donc difficile de décrire les paysages, la première partie tu l’as faite dans un coffre et la seconde de nuit.
Alléluia, Allah akbar, bhoudha est grand…tout ce que vous voulez mais t’es enfin arrivé. T’y croyais pas.

Mais quel plaisir d’arriver de nuit dans un petit bled, sans hôtel réservé, sans booking, sans rien.

Petite remarque sur la différence entre l’Equateur et le Pérou. Ces 2 derniers jours t’as traversé des petits villages paumés dans chaque pays. En Équateur, toutes les maisons étaient en béton alors qu’au Pérou elles étaient faites de brique ‘fait maison’. Ça paraît con comme remarque mais ces simples briques dépaysent complètement.

Alors, pourquoi Huancacamba ? Posez pas des questions stupides, c’est évident!

Ricardo, spécialiste en logistique de transport