Matin du premier jour, lever à 6h pour petit dej 6h30. Le camp est à 4100m d’altitude, tout le monde a mal dormi. T’ouvres ta tente, putain, c’est couvert.

Il y a 2 autres groupes, le premier est avec une agence mais 2 clients sont malades donc ça va être compliqué pour eux et sinon t’as 4 nanas de 20 ans qui le font en autonome.
Ce premier jour, on doit passer 2 cols à plus 4700m et le guide part d’entrée super vite. En plus pas le temps de se chauffer, ça monte direct depuis le camp. Ça va permettre de voir s’il y a un boulet. La vache, ils galopent tous sauf une. Sinon t’étais le boulet à traîner.
Mal de crâne, des cernes monstrueux, elle se traîne, la pauvre.
On est vraiment dans un environnent minéral, pas un machin vert avec des feuilles pour te gêner la vue. Seul gros hic, les nuages gris de plus en plus nombreux. Arrivé au premier col, t’espères que la vue sera plus dégagée de l’autre côté, que dal. En plus, on s’est pelé à attendre le mal au crâne. Dire qu’il faut redescendre dans la vallée, la traverser et se retaper la montée pour l’autre col. Toi qui au début pensait faire le trek en autonome avec tout le matos, euh, pas sûr que tu finissais la journée.

Tiens, il commence à tomber quelques gouttes. Tu vois le guide, Binder, oui il s’appelle Binder, mettre la protection pluie sur son sac. C’est mauvais signe. T’es le seul à avoir apporter un poncho, on a pris une ramasse. Du haut du 2eme col t’as une vue sur un glacier qui s’arrête à quelques centaines de mètres du lac Carhuacocha. Une vue, en partie seulement.

On est surplombé par plusieurs 6000m couverts de neige et au mieux tu les as vu 5 secondes. Toute la chaîne de montagnes est couverte de nuages. T’as proposé de sacrifier le plus jeune en le jetant dans le lac.
Le soir, c’est dîner dans la tente principale à 18h30, beaucoup trop froid pour rester dehors. 19h30 tout le monde est couché, folle ambiance.
Tu partages ta tente avec un allemand, il se sera lavé ou changé une fois de tout le circuit. Et après on dit que les français sont sales.
Le lendemain matin, pas mieux, du gris, du gris et encore du gris. C’est encore parti pour 8h de marche. Le boulet va pas mieux mais son mec dit que son mal de crâne n’est pas lié à l’altitude.
On marche prés de petites ‘fermes’, en gros une petite baraque faite de pierre, un toit en herbe séchée et un enclos fait de pierre pour garder les moutons, pas plus, pas moins. Pas prêt d’avoir Netflix dans le coin.

Cette journée, on passe par 3 lacs dont un couleur turquoise.

Le deuxième est juste en dessous d’un glacier et toutes les 10 minutes de la neige/glace se décroche pour finir dans le lac. Bon, on verra jamais les sommets. Par contre on va prendre de la pluie, puis de la grêle. L’australienne est contente, c’est la première fois de sa vie qu’elle voit de la grêle. Ouais, super !!
Le guide comprend pas, il a jamais eu ce temps à cette époque, c’est censé être la meilleure période. Il a même pas amené ses affaires de pluie.

Le lendemain, grosse montée pour taper un col à 5000m. De là, une superbe vue sur un lac couleur émeraude. Oui, ils ont tous des superbes couleurs.


Arrivé au camp, t’ouvres ta tente histoire de la faire sécher. Oui, en fait, quand on part le matin, le muletier est en train de tout empaqueter. Tu dois être le seul à l’aider à démonter la tente mess. Puis en cours de route, on voit des fusées passaient avec des bonnets d’ânes et quand on arrive au camp, les tentes sont montées. Bon, il les monte les unes à côté des autres mais surtout pas forcément sur un terrain bien plat. Comme elles sont mal tendues, la surtente touche la tente et transmet l’humidité. Du coup, c’est toi qui t’y colle pour la réorganiser histoire de pas dormir dans un environnement humide à 4000m.
Arrivé à 14h au camp, du soleil, donc t’ouvres grand la tente. 30 minutes plus tard de la pluie. Quand ça veut pas.. On se met tous dans la tente mess et on bulle.
Quand on ressort de la tente mess, tout est recouvert de neige. La vache, chaque jour c’est de pire en pire. L’australienne est super contente, elle voit pas de la neige tous les jours dans son pays.
Demain c’est le col de San Antonio, c’est de là que la vue est la plus belle mais si c’est nuageux, on essayera même pas la montée. Faut dégager la neige de la tente et à 20h tout le monde est couché.
Lendemain, tu ouvres anxieusement ta tente et incroyable pour la première fois, pas le moindre nuage.

Toutes les montagnes autour de nous sont recouvertes d’une fine couche de neige. Seul hic, le guide est malade, mal à la gorge et n’est pas très motivé pour se taper les 1h30 de montée puis les 3h de descente de l’autre côté du col et ensuite les 5h de marche jusqu’au camp. On est parti quand même et d’entrée ça monte sans zigzags, t’en baves grave. Le boulet qui était parti devant s’est arrêté au bout de 2 minutes. On monte dans une sorte de goulet avec de la neige et de la glace. Certains sont en chaussure de trail et ils galopent devant. Toi avec tes grosses chaussures de trek, t’as froid au pieds, mais comment font les autres ? La montée est sans fin mais quel vue au col. Toute la chaîne des huayhuash est dégagée. Le guide est arrivé après puis beaucoup plus tard le boulet et son compagnon.

Maintenant faut se retaper la descente jusqu’au lac couleur émeraude Juraucocha. Et là, on s’est pas ce qui se passe mais le boulet fait sa princesse. Elle s’arrête sans arrêt et sans raison. Les israéliens font bloc derrière elle et les autres ont en un peu marre de son comportement. En plus, ils passent leur temps à parler entre eux en hébreux et dès que les 2 allemands parlent dans leur langue, ils leurs demandent de parler en anglais.
En plus le guide nous a pipeauté sur les durées. Comme il était pas motivé pour passer par le col, il a essayé de nous décourager pour qu’on passe par la vallée. Du coup à 15h, on est au seul village du coin, Huayllapa, où on dort sur le terrain de foot. On est à 3500m, ça doit être la seule vraie nuit que t’as passé.

Côté bouffe, c’est plutôt simple mais bon et varié mais quand on croise d’autres camps, en comparaison on est dans la version cheap. 300 euros pour 8 jours, tu peux pas demander du cochon d’Inde à manger. Côté guide, c’est cheap aussi. Chaque soir on a le droit à 30 secondes de briefing. Quand tu lui demandes une carte, que dal, il a tout dans la tête, super.
Nouvelle journée avec un grand ciel bleu. On remonte l’autre côté de la montagne de la veille mais malheureusement on ne voit plus l’ensemble des pics enneigés. T’es parti pour la première fois en sandales. Le matin, à 7h, il fait frais entre les doigts de pieds mais ensuite t’as l’impression de voler sur le chemin même si on se tape 1200m de dénivelé. La balade est sympa mais ça pique pas les yeux comme aux premiers jours. Comme dhab, on passe notre temps à attendre 3 des israéliens qui ont en rien à foutre. A ce propos l’un d’eux voyage avec un boîtier satellite qui lui permet d’envoyer des messages. Dès qu’il est hors connexion internet, il doit envoyer un message par satellite à ses parents, le petit.
Ça s’améliore pas, le muletier a choisi de monter le camp au milieu d’un terrain humide, résultat, à 4600m, camp Gashpapampa, on est harcelé par des sortes de taon. L’eau a un goût dégueulasse et on apprendra le lendemain par un autre groupe, qu’il y avait un accès à de l’eau à quelques mètres de nous alors que le ‘guide’ nous a rien dit.


Autant dire que la nuit glacée à 4600m t’as pas permis de faire des rêves. Ouais, pour rêver faut dormir…
Lendemain matin, grand ciel bleu mais glacial. Tout a givré pendant la dernière nuit. On passera notre temps à attendre la boulette israélien. Même quand le guide dit qu’il faut repartir, elle en a rien à foutre.
Mais quelle vue sur toute la chaîne, les sommets enneigés, le glacier, des lacs de différentes couleur, même les montagnes ont des ‘traces’ de différentes couleurs.

C’est dans ce coin où tu peux voir des condors. Ouais, mais de loin, le condor, c’est pas le genre de piaf à poser pour des selfies donc tu vois un gros point noir avec des ailes. Mais comme le guide dit que c’est un condor. Grosse descente pour rejoindre le lac Jahuacocha où se trouve le camp. T’es toujours en sandales mais gros problème, les semelles sont lisses donc ça glisse dans les descentes. Gabriel, demande à Décathlon de relancer le modèle.
14h, certains jouent au foot, on est quand même à 4100m d’altitude (Bruno, c’est pas un vrai terrain de foot, juste un coin herbeux à peu près plat). En tant que champion du monde, tu t’abaisses pas à jouer avec les 2èmes divisions.

Le camp est au bord d’une rivière, histoire d’enlever la couche de poussière, t’as fait trempette 10 secondes dans la rivière, ouais 10 secondes c’est largement suffisant vu la température de l’eau.
Dernière demi journée de marche avec son col journalier à passer et l’attente des boulets.
En fait, si t’avais pris 8 jours de nuages et de pluie, t’aurais refait le trek tellement c’est exceptionnel.
Sincèrement, ça pique les yeux.

Ricardo plein les yeux

vue des toilettes