Tu retrouves un paysage oublié depuis plusieurs mois, la mer, les plages de sable.
Sao Luis, ville côtière au nord du Brésil. Faut imaginer une plage de sable de 10 km de long, des petits restos/bars où tu peux enfin déguster des fruits de mer et quasiment personne sur la plage. Le sauveteur qui poireaute à l’ombre sous sa tente est le champion du monde du solitaire.
C’est pas les plages idylliques comme aux Philippines mais au moins il y a pas des hordes de groupes de chinois. Ici, c’est du zef, une mer agitée d’une drôle de couleur et en arrière plan 3 kites surf et une dizaine de tankers.

Côté ville, t’as la vieille partie coloniale qui semble être un peu laissée à l’abandon, avec ses ruelles pavées, ses dernières maisons avec leur façade recouverte d’azulejos. Tu t’es trouvé un hébergement dans une ancienne maison coloniale. T’as rarement eu un cadre aussi sympathique. Faut juste faire gaffe de ne pas partir dans la mauvaise direction car t’es à la limite de quartiers ‘sensibles’. Ouais, faut éviter de rentrer bourrer, vaut mieux avoir tous ses moyens en cas de mauvaise rencontre. Et puis t’as les grandes tours de béton du côté des plages.

Le soir, une des places de la vieille ville s’anime. Les bars ont sorti plein de petites tables dans les rues, des dames sont venues avec des petites brouettes contenant une glacière où tu peux acheter ta bière ou ta caïpirinha. Toutes les 2 minutes des camelots viennent de te vendre un truc. Le plus étonnant, c’est ceux qui se baladent avec une boite de conserve remplie de braises et te font griller une brochette de morceaux de fromage.
T’es venu à Sao Luis il y a 4 ans pour aller dans une région certainement unique au monde, le parc du Lençóis. Faut imaginer à perte de vue des centaines d’immenses dunes de sable. Ouais, ça tu peux le voir dans n’importe quel désert qui se respecte un peu. Mais LE truc unique, ce sont les centaines de lagune d’eau clair entre les dunes. T’y étais allé mi novembre mais c’est pas la bonne époque, la plupart des lagunes étaient asséchées. On change pas un couillon qui gagne, tu y retournes début octobre qui n’est pas non plus la bonne époque.
T’es pas trop inquiet sur le niveau de l’eau dans les lagunes. Ouais, ils annoncent de la pluie. Ca va être sympa les 4 jours de marche à monter des dunes de sable s’il pleut.
Impossible de trouver d’autres personnes pour monter un groupe. Ouais, ils sont pas cons les autres, ils y vont en juillet quand les lagunes sont pleines. Sinon, ils font juste une sortie à la journée. L’idée c’est d’y passer 4 jours sans bagnole, sans rien.
T’es passé par l’association des guides pour te trouver un guide, Cesar, que tu dois retrouver à Barreinhas, un des points d’entrée du parc. Ça va être facile, lui pas un mot d’anglais, toi pas un de portugais.
Ça y est t’es à Barreinhas, petite ville au bord du fleuve Preguiças. Une chaleur étouffante.
Tu t’es dit que t’allais survolé en avion le parc pour voir les dunes et les lagunes et te rassurer ou pleurer en fonction du niveau de l’eau dans les lagunes. On est 2 pimpims sur le tarmac. Le pilote qui fait aussi office de chauffeur et de caissier va d’abord vérifier l’état de l’avion. Alors, en exagérant juste un peu, le contrôle consiste à donner un coup de pied dans les pneus et une tape sur la tôle de l’avion. Ouais, c’est suffisant pour un avion qui reste des heures en plein soleil et dans un vent légèrement sableux…
Putain, t’es encore tombé sur un flippé. Ton voisin a jamais pris un petit coucou 4 places et il est pas rassuré. Au décollage, il a lâché un cri et au moindre léger secouage le gars lâche un cri, à la limite de s’accrocher à ton genou. Hola mon gars, ça va pas être possible.
On vole jusqu’à la côte. Et tu peux voir les dunes s’engager dans la végétation. Les photos sont un peu dégueulasses, t’as pas pensé à nettoyer la vitre avant le décollage. C’est assez impressionnant de voir ces dunes à perte de vue et des lagunes avec de l’eau, oui y a de la flotte ! Alléluia, Allah akhbar et tutti quanti.
Il y a le parc Lençóis et le petit Lençóis. Le petit est déjà rempli d’immenses éoliennes. Avec notre ami Bolsonaro, faut peut être pas trop tarder à venir ici..
En sortant de l’avion, t’apprendras que le Cessna a de la bouteille, il a 70 ans. Y a pas une date de péremption pour les avions ? Le flippé l’aurait su avant t’aurais certainement était seul dans l’avion.
13h30 l’après-midi risque d’être mortellement longue. T’enquilles sur une après midi all inclusive direction la laguna bonito. 1h de piste de sable défoncée au milieu d’anacardiers. Ouais, toi aussi tu connaissais pas ce mot y a encore quelques secondes. C’est l’arbre qui donne la noix de cajou. Tu connais la noix que tu picores le dimanche, vautré sur ton canapé en écrivant des messages à la con sur les blogs de voyage qui ne disent pas que du bien des endroits visités (tiens, certains se sont reconnus ?) mais il y a aussi le fruit. Par contre, va comprendre pourquoi il vendent le sac de noix de cajou aussi cher qu’en France. Ils les  importent de Chine pour en vendre ici? C’était la minute maraîchère.
La voiture te laisse en bas d’une grande dune remplie de verdure. Le guide te dit qu’il faut rester ensemble.
– Ahah, on arrête les conneries. Regardes derrière toi, les autres pleurent pour monter la dune. On se retrouve où et à quelle heure ?
– Non, non, patience
– Ah merde, désolé mon gars mais j’en ai plus en stock. Allez cassos.
Te voyant partir, il te dira ou et l’heure.
En haut de la dune, plus la moindre verdure pour te pourrir le paysage. La végétation s’arrête nette ! Des dunes partout et entre les dunes plein de lagunes. Bon, y a un peu de monde, peut être 300 personnes, et c’est la basse saison. Mais comme il y a plein de grandes lagunes, tu peux facilement te trouver un coin tranquille. La couleur des lagunes va du bleu profond au vert clair en fonction de leur profondeur. L’eau est…rafraîchissante.
On t’a expliqué que t’as de la chance car en principe à cette époque il y a beaucoup moins d’eau mais il a beaucoup plût les mois précédents.
Alors, t’essayes de faire des photos uniquement des paysages mais parfois, t’as des personnes qui viennent s’incruster sur les photos, une vraie galère. Et encore, t’as qu’une des 2 personnes sur la photo…
Autant Barreinhas la journée, ça doit être long, autant le soir le bled devient beaucoup plus sympathique. Ils piétonnisent la rue qui longe le fleuve, tous les restos ont installé des tables sur la promenade, des groupes jouent de la musique, des couples dansent, les brésiliennes sont en short. Ça change de l’ambiance bolivienne sur l’altiplano à 4000m
Petit point boisson :
– Vous avez déjà vu de l’alcool de langouste ?
– T’as demandé une limonade, t’as cru comprendre que le serveur te demandait si tu voulais des glaçons. T’as dit oui. T’as pas eu ta limonade mais il t’a apporté une caïpirinha tellement chargée qu’à la 2ème gorgée, t’es déchiré. Comme quoi, ne pas parler la langue d’un pays peut faire tomber dans l’alcoolisme.
– L’ananas, c’est le ‘verre’ pour la pinacolada
Ricardo, alcoolisé sur un malentendu