Ah une petite pluie matinale qui ne peut qu’annoncer une bonne journée.

Tu attends ton guide Augusto César (avec un nom pareil, grosse pression) avec qui t’a échangé uniquement via internet. Il fait partie de l’association des guides.
Il arrive, il doit avoir 22 ans, la moustache molle et un air de débarquer de nulle part. Pendant que t’essayes d’échanger avec lui via Google translator, il fait tomber une de ses tongs dans le fleuve. Ben mon gars, descend dans le bateau et va la récupérer. Ça l’air d’être au dessus de ses capacités. Oula, t’as l’air d’être tombé sur une pointure. Il y a 2 autres touristes brésiliennes qui sont avec leur guide et qui font 4 jours comme toi. Elles parlent anglais et t’espères que ça va changer ton séjour.
La première journée consiste à prendre un petit bateau jusqu’au village d’Atins puis de marcher jusqu’au hameau de Canto de Atins.  Les rives sont couvertes de mangrove.
Bonne surprise, le bateau s’arrête à différents endroits. Un spot avec une très belle lagune. Le niveau de l’eau a déjà beaucoup baissé car en juillet les hamacs baignaient dans l’eau.

T’as toute une bande de petits singes qui font le show. Un a sauté sur le sac dans le dos d’une brésilienne et a su ouvrir le sac pour lui piquer son paquet de chips. Un autre renverse une noix de coco pour lécher l’eau qui en sort, il est pas  très futé, il y avait une paille…

Un 2eme stop où l’attraction est un bar juste sur le quai avec 30 sortes d’alcool de fruits pour ta caïpirinha. Dès 10h, il fait déjà recette.
Et enfin Caburé pour le déjeuner, quelques restos sur une langue de sable entre la mer et le fleuve. Généralement t’es enmerdé par des chiens ou des chats qui quémandent de la bouffe. Ici, grande première, ce sont des lapins aux yeux rouges qui attendent aux pieds des chaises (non, promis, t’as pas encore bu de caïpirinha) mais pas intéressés par des frites. Franchement, la mer est décevante. L’eau semble grise, la plage est recouverte de traces de quad, le moyen de transport du coin. Celui qui a réservé 10 jours ici sans connaître, il va pas être déçu.
Ta pointure de guide a disparu. T’as rien compris de l’heure du départ. Pas grave tu bulles dans un hamac. Ce qui va être ta prochaine grande activité pendant les prochains jours.
Dernier trajet en bateau pour rejoindre le village Atins. Y a 4 ans, t’avais pas compris ‘la beauté’ du bled, et bien ça ça pas changé. Une partie de ce qu’on peut appeler une plage est jonché d’énormes branches amenées par la marée. Sinon, t’as une petit partie ‘nettoyée’ qui est le point de départ des kitesurfeurs. Pas d’endroit pour se baigner. Mouais, toujours pas convaincu.
Bon, de là tu marches sur une piste sableuse pour Canto de Atins où tu vas passer la nuit.
Tiens, sur une dune, t’as un gars qui donne des cours de deltaplane. On est pas loin d’être au milieu de nulle part.
A 90% tu comprends que dal de ce que te raconte Augusto donc du coup il te l’écrit sur son smartphone. Euh, tu peux aussi le chanter, le mimer en dansant la polka, tu vas pas plus comprendre. En fait, on se comprend pas mais il continue gentiment d’essayer de t’expliquer des trucs. Et quand il voit des papiers sur la piste, il les ramasse. Il a juste un air d’avoir grandi trop vite…
Alors Canto do Atins est un trou, répétons le, un trou, y a rien mais c’est ‘connu’ pour son resto de crevettes, les meilleurs du monde ! Forcément, tu peux pas passer à côté. Incroyable, on dirait qu’elles fondent dans la bouche, un délice.
Quand t’es arrivé, on t’a filé une clef avec un numéro, tu t’es dit cool, t’as un bungalow. Héhé, non c’est la clef du casier pour ranger tes affaires. Cette nuit et les prochaines, c’est hamac.
Les 2 brésiliennes sont arrivées et il y a aussi un italien avec son guide qui parle parfaitement anglais et 4 jeunes français avec leur guide.
L’italien a quitté son job et voyage jusqu’à ce qu’il ai plus de pognon. Il a commencé il y a juste…4,5 ans.
Lendemain on va tous à la même étape mais l’italien lui fait grasse mat, il ne part qu’à 4h du matin. Tous les autres, on décolle à 3h. Pourquoi ? Évident, voyons ! C’est pour éviter les grosses chaleurs.
Départ à la frontale, même à 3h du matin t’es en t-shirt. La première partie, tu marches sur la piste qui longe la plage. Vers 5h30, le soleil essaye de se pointer mais que dal, les nuages sont arrivés en masse.
Arrivé au lieu-dit Bonziho, une vieille cabane de pêcheur qui fait office de poubelle.
On commence à s’embarquer dans les dunes. Enfin plus de traces de pistes. Chaque groupe prend une direction. En haut d’une dune, tu vois ta première lagune, petite déception, il y a très peu d’eau, tu peux à peine patauger et l’eau est…rafraîchissante. On marche vers les dunes et il y a encore moins d’eau dans les autres lagunes, parfois juste quelques mares. Elles sont remplies de tronc d’arbres morts. Pour ceux qui connaissent Deasvlei en Namibie, c’est un peu pareil mais en beaucoup plus sec.
Ce n’est que dunes et lagunes. Autant dans certains déserts tu peux trouver quelques lacs comme ceux d’Ubari en Libye mais ici ce n’est que ça. Derrière chaque dune, une lagune, sans fin. Vraiment unique.
T’as un peu l’impression que ta pointure te presse pour arriver. Le gars te montre un semblant de soleil pour te faire comprendre qu’ensuite il fera trop chaud. Euh, t’as pas vu que tout autour de ce soleil blafard il y a d’énormes nuages gris plein de flotte qui nous arrivent droit dessus ? Donc le coup de soleil ou la déshydratation, t’y crois moyen.
10 minutes plus tard, il se met à pleuvoir. Ah ça rafraîchit avec cette canicule.
Sans déconner c’est pas exceptionnel ? Tu viens dans le désert pour marcher autour de lagunes et tu retrouves sous la flotte à traverser des lagunes asséchées. Du grandiose !
La pluie s’arrête, on trouve une lagune où il y a un peu d’eau. T’as pas fait 3m pour t’approcher des rives que tu retrouves enfoncé jusqu’au dessus des genoux dans le sable détrempé. Et histoire de rigoler, il se met à pleuvoir des trombes. En 30 secondes on est trempé. Quand ça veut pas…
T’as quand même 2 grands points positifs à marcher sur du du sable mouillé. Oui, au moins 2. Tu t’enfonces moins et tu prends pas de sable dans la tronche.
Alors le bled ou tu dors est l’oasis de Baixa Grande. Un monde vert au milieu de tout ce sable. Une sorte d’oasis avec des anacardiers et d’autres arbustes inconnues plein de baies au goût nouveau. Le cajou, la partie fruit pas la noix est une tuerie. Étonnant que ça soit pas exporté.
Une grande bâtisse où s’alignent les hamacs, une autre pour les repas, des douches à ciel ouvert et même un billard. Va savoir comment ils ont pu amener un machin pareil jusqu’ici.
Les autres sont arrivés 2h après toi. T’as bullé dans un hamac sous un endroit très dangereux, 2 cocotiers remplis de noix qui attendent de tomber pour te fracasser.
Ici, pas de lapins, mais des dizaines de canards et d’oies. Un remake de Ricardo à la ferme.
Vers midi, le soleil réapparaît, le monde est écrasé de chaleur et on fait tous la sieste dans des hamacs à l’ombre. Avec l’italien on voulait vers 13h sortir de l’oasis pour trouver des lagunes, euh vu la chaleur, chacun est retourné siester.
Il y avait des jolies lagunes plein d’eau à 15 minutes de l’oasis, c’est dommage que tu ne le saches qu’au coucher du soleil.
Grasse mat, départ à 6h30. L’italien est les étudiants français sont partis à 3h du matin car ils ne font que 3 jours. Notre célèbre Augusto va t’emmener d’un pas plus tranquille vers des grandes lagunes. Et effectivement, il y a d’immenses lagunes (les plus grandes ont un nom comme la lagoa ponta do piata) encore avec de l’eau. L’eau est super fraîche, ouais il n’est que 8h du matin et le ciel est très souvent nuageux.
Bientôt 10h, il reste moins d’une heure de marche pour rejoindre l’oasis de Queimada dos britos.
On descend une dune et il faut traverser une étroite lagune. Le sable marron autour te rappelle ta ‘pataugeade’ de la veille. Austusto s’engage sans réfléchir, t’as juste eu le temps de filmer la fin. Tant que tu crèves pas la surface du sable, ça va, sinon ça devient la galère. Malgré sa taille, Augusto doit peser 40 kg tout mouillé, donc toi, même pas une seconde t’imagines t’y engager.. T’as essayé de passer 50m plus loin et encore t’as été embourbé jusqu’aux chevilles.

L’Augusto doit avoir des jambes 4×4, car quand on doit monter des dunes où on s’enfonce, lui c’est comme s’il marchait sur du plat, le bougre.

Queimada dos Britos, c’est l’oasis du cochon. Y en a partout. L’oasis est très grande, plusieurs familles. Certains ont déplacé leur maison qui commençait à être envahie par les dunes
Elles se déplaceraient de 10m par an, pas étonnant vu le vent incessant. Tu t’arrêtes chez une famille pour déjeuner. Ils ont un couple de petits perroquets qui arrêtent pas de se faire des papouilles. La patronne t’a montré qu’en approchant un doigt, un des oiseaux montent dessus. Bien sûr t’as voulu faire pareil, résultat, cette saloperie de piaf t’a légèrement coupé le doigt avec son bec. Euh, ça existe la rage chez les piafs ? Quand c’est le patron qui s’approche, un des piafs lui parle.
Ah oui, sinon côté gastronomie locale, à chaque repas tu as le droit à des spaghettis, du riz et des petits haricots, le tout en grande quantité et du poulet.
Après une sieste réparatrice, Augusto annonce 10 minutes de marche pour rejoindre ton hôtel 4* qui est en fait à 100m.
Tu y retrouves le guide des brésiliennes. Augusto te dit qu’à 16h on part voir le coucher de soleil. L’autre guide te fait comprendre qu’il y a une petite lagune à 200m où bullent les brésiliennes. Moustache molle aurait jamais eu l’idée de t’en parler. Tu reviens pour 16h et l’autre guide te dit qu’ils vont à 17h voir le coucher de soleil. Pfff, toi, tu lui dis que t’y vas à 16h. Y a peut-être des créneaux horaires de coucher de soleil ? À la tronche du guide, t’as bien compris que c’est une connerie d’y aller à 16h à moins de vouloir attendre 2h un coucher de soleil. Comme quoi, un guide fait beaucoup dans un circuit. Résultat on est parti à 17h…une pointure mais gentil l’Augusto.
Résultat t’y es allé avec les brésiliennes qui ont fait interprète et tu viens de découvrir qu’en fait, l’Augusto de compétition qui est avec toi est en fait le fils du guide avec qui tu étais en contact. Papa était plus dispo, il a envoyé fiston…
Apparemment papa n’a pas indiqué à fiston le programme convenu. Sans les brésiliennes, tu te retrouvais demain dans un autre village que celui prévu.
Départ 3h30, tu vas faire chemin commun avec les brésiliennes. Elles démarrent à toute vitesse, tu peines grave derrière. Ils sont tous montés 4×4 au Brésil? Le ciel est gris de chez gris. Non les photos sont pas en noir et blanc. Alors, ça se l’ai pété pendant 2h mais ensuite y a plus personne. Ça se trainasse, elles demandent au guide de prendre un chemin plat. Soit tu les suis soit tu pars dans les dunes avec ta pointure 44. Il fait un temps pourrave, les lagunes seront grises, t’as décidé de suivre les brésiliennes et profiter des explications traduites de leur guide qui se balade dans ce désert depuis 39 ans. Grande question, pourquoi l’eau ne s’infiltre pas dans le sable?  À moins de 10m sous le sable, il y a une immense nappe phréatique. Quand il pleut, l’eau ne peut pas s’enfoncer et forme toutes ces lagunes. Elle s’évapore ensuite en partie avec le soleil.
Alors si un jour vous venez ici, prenez pas l’option chemin plat pour Santao Amaro, aucun intérêt. Pas une dune, pas une lagune,
Arrivé au bled de Santo Amaro où tu déjeunes chez la mère de P44 (pointure 44). Faut juste arriver à trouver un enchaînement de transports pour arriver à rentrer sur Barreirinhas avec le guide des brésiliennes. C’est là où tu réalises que 2 gars qui font du stop, ça marche pas fort sauf si ton collègue connait tout le monde.
Bon, t’as encore pas eu de chance côté météo et t’es encore arrivé 2 mois trop tard. Ça reste néanmoins un endroit assez unique.
Ricardo laguna c’est pas encore le bon timing…