24h de transports diverses pour arriver enfin à Lençóis. Déjà le bled a de la gueule, son église, ses ruelles pavées, ses petites maisons colorées Avec leur toit en tuile, les maisons ont un petit côté provençal. C’est hyper touristique. Le soir, les ruelles se sont qu’une suite de terrasses de restos.
T’es dans la région de chapada diamantina qui comme son nom l’indique est blindée de diamants. C’est tout juste si quand tu donnes un coup de pied dans un caillou tu trouves un diamant. Y a un paquet d’année il y avait même une ambassade française qui aidait les mineurs à se débarrasser de leurs diamants, d’où ce côté coloniale. Puis ça s’est cassé la gueule avec l’arrivée des diamants sudaf et maintenant le bled vit du tourisme.
Ton trek de la vallée do Pati ne démarre que demain du coup t’as fait un ‘circuit’.  Avec 2 français et une brésilienne, t’es parti faire un tour pour aller voir la cascade des moustiques et un grotte souterraine remplie d’une eau transparente. La vache, on peut pas accéder à la grotte car il y a des créneaux horaires. Du coup le chauffeur nous amène à un lac. Interdiction de se baigner sans gilet de sauvetage. Du délire. Ça te rappelle les groupes de chinois qui débarquent sur des plages et qui pataugent dans 1 mètre d’eau avec un gilet de sauvetage. C’est aussi rédhibitoire que de faire l’allemand en mettant des chaussettes blanches avec des sandales.
On retourne ensuite à la grotte à notre créneau horaire. Il faut prendre une douche et ils vérifient que tu t’as bien mouillé les cheveux. Ils veulent pas polluer la grotte.
Alors, un petit mot sur la brésilienne. Elle ne fait que des selfies. A chaque arrêt, elle se remet du rouge à lèvre, prend la pause et se mitraille. Donc elle débarque avec gros rouge à lèvres. Mais ça c’est pas gênant pour aller se baigner dans la grotte.
Et bien sûr t’as aussi le port du gilet de sauvetage obligatoire. Ça va devenir chiant ce monde aseptisé, hyper protégé.
On est 9 pour le trek dont la brésilienne de la veille qui a pas vraiment un physique à faire du trek. Le guide ressemble à la fois au commandant Massoud et à Moïse. Il est plutôt taiseux sauf si tu lui parles de diamants. C’est un ancien mineur de père en fils. Il explique que les mineurs n’ont pas fait fortune car ils ont beaucoup claqué dans les bordels.
Le temps est gris mais il devrait faire beau vers midi. Au moment du partage de la bouffe à porter, on a pas voulu déranger la brésilienne en pleine séance selfi.
On commence d’entrée par une montée, le guide en tongs à l’impression de voler. Arrivé au sommet, il manque quelqu’un. Qui ? La brésilienne. Le guide est redescendu prendre son sac à dos. Du haut on a une jolie vue sur la vallée donc séance maquillage (pas pour toi…) et selfi. On est peut-être avec une star?
On marche ensuite sur un plateau pour arriver au premier point de vue. Ah ouais quand même. Y a un petit côté grand canyon américain mais repeint en vert. Ah, la brésilienne pose.
Il reste dans la chapada une vingtaine de maisons. Avant ils cultivaient du café mais depuis que c’est devenu un parc national ils ont plus le droit de planter (sauf en douce) mais au moins ils ont pas été viré. Conséquence, ils vivent du tourisme et donc tu peux voyager sans tente. Et bien, même en basse saison, y a du monde sur le trek.
Le lendemain, on doit monter au morro de castelo où il y a un super point de vue. Sauf qu’il fait un temps pourri. Ouais, ici, c’est très nuageux jusqu’à 11h et après ça se dégage. Donc aucun intérêt de partir sous la flotte.
Et là, ça commence à monter vraiment. L’aide guide, un jeune français, reste avec la brésilienne et pleure en silence. Il y a des éperons rocheux qui s’avancent au dessus du vide. Le guide nous montre jusqu’où tu peux t’avancer. Mouais, joker. I believe I don’t fly.
En dehors de la vue, l’attraction de cette ballade est que tu marches dans une immense grotte pour traverser toute la montagne. C’est beaucoup plus facile si le guide te prévient à l’avance et que tu viens avec une frontale.
Petit point ‘Nicolas le jardinier’: t’as plein de plantes et fleurs qui semblent endémiques. Tu dis qui semblent car le guide, même s’il connaît les plantes, et beaucoup plus disert sur comment dépenser l’argent des diamants.
Petit point SPA : dans la chapada, t’as du tatou, du fourmilier et du puma mais aucune chance d’en voir vu le monde qui se ballade sur ce trek.

On passe la nuit dans une autre pousada beaucoup plus sympa. Le gars a installé un petit bar et fait son ‘drink gigi’. De la musique, ça danse, ça picole. T’imaginais vraiment pas ça au milieu de la chapada. Le mec doit faire lui même sa cachaça et les doses sont traites. Le lendemain matin, personne ne se rappelle comment il est arrivé à retourner se coucher et on est tous dans un sale état. Et surtout on savait pas que la journée serait difficile avec une grosse montée. On transpire tous la cachaça de la veille. Le français s’est sacrifié pour accompagner la brésilienne par un autre chemin plus facile.
On est au bord d’une falaise de plus de 400m de haut. La vue est exceptionnelle sur la vallée en contrebas. Il y a un éperon rocheux au dessus du vide. Celui de la veille est que dal en comparaison de celui là. Il y a déjà plusieurs morts.
Moïse y va sans problème pour nous montrer jusqu’où on peut s’avancer sans trop de risques. Ahah la bonne blague. T’en as que la moitié qui y sont allés dont la brésilienne qui nous retrouvé. Une petite pose maquillage et la voilà allongée sur l’éperon. A un autre point de vue, tu peux t’allonger sur une grande plaque de roche et voir le vide en dessous. T’as fait un effort, t’as du y rester 2 secondes.
Mais gros coup de pot que le temps soit super dégagé.
Les autres sont retournés sur Lençóis. Tu les as laissé en cours de route car t’as décidé de faire toute la traverser (sur la largeur) de la chapada en solo.
Nuit dans le petit village de Capoan et départ aux aurores. T’as 2 chemins pour rejoindre Lençóis, le classique assez facile et un autre qui passe par une cascade réputée la fumaça qui se fait en 3 jours. T’as 25 bornes à faire, tout au GPS sur un chemin peu emprunté. 3 litres de flotte et 2 paquets de biscuits. Tu pars sous un temps de merde comme tous les matins. Arrivé à la cascade, t’es dans la grisaille. Soit t’attends 2h que ça se lève mais ça sera short pour faire tout le trajet, soit tu fais une croix dessus. Une prochaine fois pour la cascade.
Autant le chemin jusqu’à la cascade est très facile à suivre car très touristique autant ça se complique un peu ensuite. 1h plus tard t’as paumé le chemin. Après plusieurs aller retour tu retrouves enfin le chemin. T’es en haut du plateau, il faut redescendre dans la vallée. Certains passages sont tellement pentus que tu balances ton sac dans la descente pour limiter les risques. A la moindre merde, genre cheville tordue, t’es pas dans la panade. Ah tiens, un serpent qui roupille sur le chemin.
T’arrives enfin dans la vallée et tu dois suivre la petite rivière où l’eau semble rouge sur 2 km en sautant de rocher en rocher. C’est à ce moment que tu te dis que si tu glisses et que tu fais tomber ton téléphone dans l’eau, t’as plus de GPS. Ahah, tu glisses sur un rocher, tu pars en avant téléphone en main et il tape sur le rocher. Résultat la vitre de protection est pétée mais il fonctionne toujours.
Tu sors enfin de la rivière et tu tombes sur un camp où 2 rastas sont tranquillement installés. Ils ont amené la tente et tout ce qu’il faut pour refaire le monde, no stress pour eux. C’est maintenant qu’il faut remonter sur le plateau et le soleil cogne dur, très dur. Tu commences à sentir les kilomètres dans les jambes. La montée est sans fin. Sur le plateau, tu tombes sur un gars installé à l’ombre en train de fumer un joint. Il va rejoindre les 2 autres rastas et trimbale du vin. Il est guide depuis 1,5 ans et n’a jamais pris ce chemin. T’as encore près de 3h pour rejoindre Lençóis en te perdant une demi douzaine de fois. T’es à plat, t’as presque plus d’eau.
Putain, ton téléphone glisse de ta main. Encore un pète sur la vitre mais il tient toujours.
T’arrives à une rivière, t’enlèves juste ton sac et tu te laisses tomber dans l’eau tout habillé, pompes comprises. Une renaissance. C’est un coin touristique, les 3 km qui restent sont bien indiqués et t’as même un vendeur de noix de coco que t’as dévalisé.
T’auras mis 9h pour 25 km sans compter les aller retour à la recherche du chemin.
T’es dans un sale état, t’as mal partout aux jambes, t’as les jambes et avant bras égratignés par les herbes. Y a pas à dire, faut être con pour s’engager dans des trucs aussi galère.
T’as aucun guide qui veut le faire en une journée car c’est vrai que c’est une connerie.
Côté paysage, c’est sans aucune mesure avec ceux de la vallée do Pati.
Allez 6h de bus de nuit pour rejoindre Salvador de Bahia, dernière étape brésilien.
Ricardo diamantino