Direction le sud du Chili. Première étape à Temuco. T’as pas tenté l’avion car pas sûr qu’il y ait des vols avec ce qui se passe. Impossible de prendre les bus de nuit à cause du couvre feu donc tu te tapes 9h de bus de jour en espérant qu’il n’y aura pas de blocage sur la route.

Incroyable, t’arrives en pleine manifestation à Temuco. Ton hébergement est à une rue de la manif mais c’est bonne enfant même si toutes les banques ont protégé leurs vitrines. Ils doivent pas cuisiner ici car ils ont remplacé les casseroles par les vuvuzuelas. Pas de couvre feu mais quasi impossible de trouver un resto ouvert. Ils sont tous à la manif. 3 jours que t’as pas dîné. Certains diront que c’est bon pour le régime.
L’idée est de louer une bagnole est de descendre jusqu’à Puerto Montt en s’arrêtant dans différents parcs pour taper quelques volcans.
Direction le bled de Caraucatin. Bon, ça manifeste aussi ici tranquillement et, c’est quoi ce bordel, les restos ferment aussi à 18h. 
T’es ici pour le parc national Conguillio avec son volcan Lliama. Il a pété en 2008 donc il est surveillé. C’est pas le bon timing, beaucoup de routes et de cols sont encore fermés à cause de la neige. Même les sentiers dans les parcs sont fermés. Donc compliqué de se balader. Au Chili, tous les parcs nationaux sont gérés par l’organisme CONAF. Tu dois payer quasiment à chaque parc. T’as prévu de faire l’ascension de ce volcan. La seule agence qui a un guide te dit que coté météo, ils annoncent du 50km/h au pied du volcan donc ca va souffler fort au sommet et en plus il va neiger. Et les forecast pour les prochains jours sont pires. Pas de pot, la veille, il a amené 6 allemands qui sont ensuite redescendu en ski. Toi, tu vas aller juste faire une balade dans le parc. Les parks rangers t’annoncent que la route est bloqué 7 km avant le lac Conguillio, après ils savent pas trop mais c’est préférable d’avoir un 4*4. Putain, si les parks rangers à l’entrée du parc ne savent pas si la route est ouverte, qui le sait? Le traumatisme du Pantanal étant  encore présent, coté location, t’as loué un échantillon de bagnole. L’avantage, si tu la plies, ça te ruinera pas trop, et si tu la plantes dans la boue, t’arriveras à la déplacer. 7 km de piste caillouteuse plus tard, t’es au pied du volcan Llaima. un joli cône couvert de neige. D’en bas ça n’a pas l’air très compliqué mais sans matos et sans guide.

Direction à pinces le lac Conguillio. Tu marches sur la piste entre les congères et quand tu vois certaines parties de la route, t’es content de ne pas avoir tenter d’y aller en caisse. Jamais tu remontais. Ils ont des arbres bizarres. Un peu style baobab dans le sens où le tronc bien droit est sans branche jusqu’à son sommet. D’autres arbres sont couverts d’une sorte de mousse/lichen? filandreux. Ouais, t’es pas une pointure en végétation.

Tu peux enfin quitter la piste pour prendre un petit chemin qui mène jusqu’au lac. Ca doit être sympa de venir quand il y a du soleil. Il y a des petits cabanons et une zone de camping mais pour l’instant c’est plutôt ambiance fin du monde.

Il y a un chemin balisé pour aller dans la sierra nevada. Les parks rangers ont bien précisé, il ne fait pas aller plus loin que le 2eme mirador. Oui chef! Le chemin commence par longer le lac puis s’enfonce dans la forêt. CONAF oblige, le chemin est super balisé. Le premier mirador est facilement accessible. Le chemin continue à monter dans la foret. CONAF a découpé d’énormes troncs  bloquant le chemin pour faciliter le touriste . Puis, il commence à y avoir un peu de neige sur le chemin. Puis de plus en plus. Plusieurs arbres ont du tomber cet hiver et ils ont pas été encore dégagés.

Étonnement, tu te retrouves dans un champ’ de bambous couvert de neige. Tu t’attendais pas à travers des bambous au milieu d’une foret en montagne sous la neige. C’est sympa la neige, mais quand t’as pas les chaussures adaptées, t’as vite froid au pied. Trop de neige, impossible de trouver le chemin, plusieurs arbres sont tombés et ça devient galère pour avancer. En face, c’est juste une colline de neige. Mouais, le park ranger, tranquillement assis au chaud dans sa cabane à l’entrée du parc a pas du venir jusqu’ici.  Allez, demi tour, tant que t’as pas les doigts de pieds gelés.
En redescendant t’as croisé un couple qui montait. Vu la taille de leur sac à dos, ils ne venaient pas pour la journée. Ils doivent faire la traverser qui fait 30 bornes mais vu les prévisions météos dégueulasses et la neige ici alors qu’on est qu’au début de la montée, bonne chance à eux.
Toujours direction le sud vers Pucon. Une petite ville très touristique à la fois au bord du lac et du volcan Villarrica. Enfin…le volcan, t’es pas certain qu’il existe. Vu les nuages, t’as vu que dal.
Pendant la saison d’hiver, les chiliens viennent skier sur le volcan et l’été profiter du lac et faire du rafting. Toi, t’es pile au mauvais moment, pas assez de neige pour faire tourner les remontes pente, trop de neige pour aller faire des treks, pas assez d’eau pour faire du vrai rafting et surtout un temps pourri, 
Depuis que t’es arrivé, il pleut. Histoire de participer à la disparition de la couche d’ozone, t’as fais un tour en bagnole mais vu le temps, tu t’es même pas arrêté pour essayer d’aller faire des balades. Marcher sous la flotte pour aller à un point de vue où tu verras rien.
L’avantage de Pucon est que, même s’il y a les manifs, ville touristique oblige, les restos et bars sont ouverts le soir même s’il y a pas grand monde. Ouais faut bien trouver un point positif. Non, le cadre est super sympa mais c’est en train de construire sur toutes les rives du lac. Alors, ils sont très forts : les rives sont privatisés par des hôtels ou des condo de luxe mais il y a des chemins publics qui permettent d’accéder aux rives. Sauf qu’il y a aucun parking prés de l’accès à ces chemins.
Prévisions météo dégueulasses sur la semaine à venir sauf ce dimanche où tu peux tenter l’ascension du volcan Villarrica, 2850m. Oui ça semble ridicule en comparaison des mois précédents. Le volcan Villarrica, c’est un peu la butte Montmartre locale. Tous les touristes veulent y monter. Mais y a pas de peintres au sommet.
On est 9, que des grenouilles et un couple des Barbades. Les Barbades, c’est altitude maximum 300m et il neige à la Saint glinglin. Le mec porte une chemise à fleur sous sa polaire. Les gens des Barbades sont très connus dans le milieu de la haute montagne. Il y a Sylvano kremlinbicetro dit MojitoShecker et Brice Debernayto, deux très grands alpinistes qui ont tapé la plus haute montagne des Barbades. Malheureusement celui du groupe n’est pas du même acabit et a lâché l’affaire au premier tiers de la montée.

En fait, t’as des télésièges au pied du volcan. En plein hiver, les grimpeurs prennent les télésièges pour arriver quasiment à 1/3 du sommet. En basse saison, et ben, tu marches sous les télésièges. T’as beau être en basse saison, les pentes sont couvertures de neige et c’est piolet et crampons.

A part mister chemise à fleurs qu’a lâché l’affaire, le groupe monte pas trop mal. C’est quasiment la seule fenêtre météo sur la semaine et toutes les agences ont fait partir leurs clients. T’en as plein qui montent le skis sur le dos. On passera sur les 6h de montée avec des pauses sans fin.

L’agence nous a dit qu’on est en code jaune.. Hein ? Kesako ? Le volcan est en activité, il y a 1 mois, il était en code orange donc montée interdite. Mais code jaune, t’as le droit de rester 5 minutes au sommeil et tu dois trimbaler un masque à gaz au cas où. 5 minutes où potentiellement tu peux te prendre une explosion dans la gueule. Alors on est arrivé au sommet sur le bord du volcan. Impossible de voir le cratère vu la fumée qu’il dégage. Façon vu le vent glacial malgré le soleil t’as pas trop envie de te lancer dans une partie de belote.
De là t’as une vue sur le lac Villarrica. C’est sympa de se dire que tu peux skier avec une vue sur un lac. Certains mecs montés avec des skis s’engagent dans des pentes vierges de trace. Nous on doit faire gaffe à ne pas se vautrer dans la descente surtout que les nuages rappliquent à grande vitesse. Quand la neige est moins dure, on passe en mode luge. T’as les fesses sur une sorte de grande assiette plastique et tu te laisses descendre dans la pente en utilisant le piolet pour freiner. Certainement le truc le plus fun de la journée.
Ricardo sans chemise à fleurs mais au sommet