T’as un salar dans le coin, le salar de Surire. T’as demandé à 10 personnes dont l’office du tourisme sur la qualité de la piste. T’as 10 réponses différentes. T’as un couple de français qui y vont avec une agence, du coup tu t’es dit que c’est plus sympa d’y aller avec eux. Putain, ils te parlent pas, ils parlent pas au guide, ils rigolent pas, au moins ils serviront de premier plan sur les photos. En plus la piste est assez bonne. Les connards qui t’ont dit qu’il fallait un 4×4, à la limite de retourner à l’office du tourisme péter des genoux. On est parti en camionnette avec Oriol, un papy chauffeur qui mâchouille ses feuilles de coca. Papy roule à 30 km/h, ça t’a démangé de prendre le volant. Au pire, on voit l’accident arrivé.

La piste permet de voir le Parinacota. Lui, il est partout. On passe par quelques lieux dit dont un gars qui stock des chiottes de chantier. On est au bout du monde, va savoir ce qu’il va en faire.
On commence par le parc national de las vicunas où, comme son nom l’indique pullulent les vigognes. A se demander si elles sont pas plus bavardes que les 2 autres nazes dans le van. Des dizaines de gros camions sur la piste. Ça casse un peu le côté ’bout du monde’
Arrivé au salar, des dizaines de vigognes. On les a encerclé afin de pouvoir s’approcher sinon elles se barrent, les bougres.
L’idée est de faire le tour du salar au ralenti.
Le salar fait 17 km2. T’as plein de pistes illégales qui te permettent de passer en Bolivie sans passer par la frontière. Si ça intéresse quelqu’un ?

La minute vigogne

Papy nous arrête pour le dej sur un ancien site minier. Les gars avaient construit il y a une centaine d’années un ponton en pierres pour ramasser du borax qu’ils envoyaient à Arica à 150 bornes à dos de mules.
En fait, t’as le salar mais t’as aussi plusieurs lagunes ou bullent ces feignasses de flamands roses. Tellement feignants que certains sont blancs. Vu de haut la lagune a de drôles de reflets jaunâtres.
Le dej ? Dans le silence sauf si tu parles avec papy.

Un des hot spots est Polloquere, des bassins naturels d’eau chaude ou plutôt d’eau brûlante. Difficile d’y rentrer et presque trop chaud pour y rester très longtemps. Et encore, on s’est mis dans la partie la plus ‘fraiche’. Papy est aux anges. Il veut plus partir et passer la nuit ici.. Les autres? Tu sais pas, ils parlent pas. Non, non, ce sont pas des muets.

Puis papy nous dit qu’on dit qu’on va aller voir des amis. Une petite piste amène aux bureaux fermés de CONAF. Bon, ben ça sera pour une autre fois la papote avec ses potes. Mais non, il sort de la bagnole et crie ‘viscaya, viscaya’ plusieurs fois. Et là, rappliquent de tous les côtés une dizaine de viscachés, ces potes.
Et certains viennent prendre un bout de pain dans ta main. Si chaque agence fait un stop ici, pas étonnant que les plus courageux aient un énorme bid. Les moins trouillards sont obèses.  Ils viennent jusque sur ton téléphone pour voir si t’as pas un bout de pain mais si tu essayes de les toucher, ils décampent. Dommage, un bonnet et des gants en viscache avec une écharpe en vigogne.

La minute viscaché

Bon, vu la vitesse où on roule, il est temps de rentrer. Les rares lieux dit, soit 3 maisons, semblent abandonnés et même le principale village, Guallatire est vide.
Le seul moment où on verra du monde et une cahute qui fait cantine pour les routiers. Dés le plus jeune âge, la fillette apprend à conduire un tracteur.

Ah, nos ‘bouches cousues’ veulent dormir au village de Parinacota mais tout le monde leur a dit que la seule guesthouse est fermée. Mais comme St Thomas, on y va quand même voir. Effectivement, il y a personne. C’est là où bêtement mais vraiment bêtement t’as oublié de leur dire que tu connaissais une maison où il y avait quelqu’un (le mec qui t’avait ‘rançonné’ la veille pour marcher sur son sentier). Sans déconner, ils t’adressent pas la parole de la journée, tu vas pas en plus les aider.

Tout le monde a dormi à Putre.

Ricardo amnésique