5ème jour
 »Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Fini les balades sur les petites routes départementales, bienvenu sur l’autoroute W des vacanciers de tout poil. Ne soyez pas surpris si ceux que vous ne croisez ne répondent pas à votre hola »
Joli temps Patagonien, du nuage, quelques gouttes du pluie pendant les 2h30 de marche et ensuite du soleil en arrivant au joli camp Paine Grande. Des grands bâtiments pour cuisiner et buller, des douches chaudes… Le camp est au bord du lac Pehoe, d’une superbe couleur bleu canard wc avec une vue sur plusieurs pitons rocheux au fond de la vallée Frances. Quand c’est dégagé, c’est superbe.

Y a clairement du baltringue de première ici. Et t’as trouvé la championne du monde. Celle qui vient faire du trek avec une valise à roulette. Après avoir vu ça…

Le soir, pendant que tu cuisines (le mot cuisiner est un peu fort) tes noddles avec ta boîte de thon, tu tombes sur des gens croisés il y a 1 mois à Chiloe, d’autres il y a 2 mois au Brésil. A se demander si c’est pas un hub de tous les voyageurs. T’as recroisé le couple des Barbades, ils venaient de marcher avec 7 kg sur le dos, c’était la fin du monde.
Alors, une grande première. T’as encore un charlot qui a installé sa tente pas très loin de la tienne. 22h, tu vas te coucher. Ça paraît pas tard mais quand tu marches en montagne, généralement tout le monde est couché tôt.
Tu t’installes dans ta tente, ton voisin se met à jouer du pipeau dans sa tente. Du pipeau ! Sans déconner! Si encore il jouait bien. A se demander si c’est pas une vengeance de ceux où tu sifflais quand tu les doublais. Mesquin !
6ème jour
 »Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Vous allez vous engager dans la partie centrale du W. Des embouteillages sont prévus vers les 11h. Le dicton du jour, s’il a pas plut, c’est qu’il va pleuvoir plus tard ! »

La radio t’a prévenu que le chemin pour monter au mirador Britanico, un des hot-spot du W, pouvait être embouteillé. Donc, l’idée s’est de partir très tôt du campement Paine Grande, rejoindre le camp Italiano pour laisser ton sac et monter léger dans la vallée Frances jusqu’au point de vue.

Arrivé au camp Italiano, il est 7h30, tu laisses ton gros sac et tu enquilles la montée dans la vallée.
Ça tire un peu sur les cuisses. Temps patagonien, pluie, vent, des gros nuages au loin. Plus tu t’enfonces dans la vallée plus c’est gris. Le mirador Britanico te permet de voir les fameux pitons Torres del Paine mais de l’autre côté. C’est dans 2 jours, que tu le verras sur son côté’ classique’ si le temps le permet et inchallah bien sûr. T’es récompensé par un semblant de soleil quelques minutes. Tout le fond de la vallée est fermée par des pitons rocheux. Ça doit être très beau avec un grand soleil. On a poireauté 1h espérant une éclaircie mais walouh. Et effectivement dans la descente, tu croises un paquet de pèlerins qui montent. Arrivé au camp Italiano, ton sac s’est reproduit, ça vous donnera une petite idée du monde sur le chemin.
Direction le camp Frances où t’as pas de réservation pour cette nuit mais pour le lendemain. En pleurant un peu, t’as le droit de planter ta tente. Ah ouais…ici, ils aiment pas les gens qui viennent avec leur tente. T’as 5 misérables emplacements en pente pour t’installer. La nuit va être difficile si en plus t’as un joueur d’accordéon qui s’installe à côté.
L’endroit pour se faire sa popote est minable. Depuis le début, tous les camps ont des bâtiments fermés et sympas pour qu’on puisse cuisiner et dîner facilement. Ici, rien, 3m2 pour 50 personnes avec son réchaud pour essayer de cuisiner.
Tu te dis, vu le coin cuisine, ce soir tu vas dîner dans leur resto. Déjà c’est 30 euros le menu, ça fait un peu mal au c… Et vous savez c’est quoi le plat principal? Des nouilles. Ahah, t’en manges tous les soirs. Quand ça veut pas. La veille c’était saumon-patates, sniffffff
7ème jour
 »Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Chers trekkeurs, pensez à prendre vos palmes et votre tuba. Non, vous n’allez pas à la plage…mais c’est similaire. Par contre la crème à bronzer ne sera pas vraiment nécessaire. »
Nuit compliquée, déjà il n’y avait pas un seul emplacement à plat pour ta tente. Donc t’as passé la nuit à glisser sur ton matelas. Des rafales de vent à plier l’arceau de ta tente. Et enfin vers 4h du matin de la pluie. Vu la flotte qui tombe t’es pas très motivé à sortir de la tente pour te taper 13 bornes.
Quand faut y aller. Tu démontes ta tente sous la flotte et, au joie, vue la pente et la pluie, t’as une rigole de flotte qui passe sous ta tente. Vous la sentez venir la journée de merde ? Tu patauges dans la gadoue, certaines parties du chemin se sont transformées en ruisseau. Alors vous pourriez dire ‘quel couillon celui la, il dit qu’il fait toujours soleil l’après midi, pourquoi il part le matin sous la flotte’. Vous avez raison mais il y a un ‘mais’. Comme tu as merdé sur tes réservations de camping et que tu es un jour en avance sur tes résas, t’es jamais sûr quand t’arrives d’avoir une place pour toi. Et donc vaut mieux arriver dans les premiers pour chopper une place éventuelle.
Vu la pataugeoire, t’es parti avec tes grosses chaussures de trek Lowa. Alors, petit intermède publicitaire. Oui, quand tu utilises un super produit, tu veux en faire profiter tes millions de lecteurs : les chaussures Lowa sont tellement confortables que vous avez l’impression d’être pieds nus. Oui, c’est comme si vous marchiez pieds nus dans l’eau. Un litre de flotte dans chaque pompe, l’impression d’avoir les pieds enroulés dans une serpillière trempée et coulés dans des parpaings, un régal. Rappelez vous ‘Lowa, en contact direct avec la nature’. 3h de marche de flotte à croiser des charlots venus en Jean’s/basket grelottant sous la flotte.
Les paysages? Ben, t’as pas fait trop attention, il fait tellement gris, c’est con, le chemin longe le lac Nordenskjold qui est d’un bleu très beau au soleil et d’un morne gris avec ce temps. Tu passes devant l’entrée de la vallée où se trouve les fameux pitons Torres del Paine. Toute la vallée est dans les nuages. Tu vas y aller demain, inchallah.
Encore un camping Fantasticosur donc quasiment pas de place pour faire sa popote.
25 euros pour juste poser sa tente dans un coin d’herbe. Le camping est immense, le premier demeuré qui vient installer sa tente à côté de toi et jouer du clairon, il va prendre cher.
T’es dans le camp, une bestiole vient droit sur toi. De loin, tu crois que c’est un chien roux. Plus il s’approche moins il ressemble à un chien. Roux, le museau et les oreilles pointus, tous crocs dehors, balaise. Non, pas un puma, toujours pas! C’est un renard, pas l’échantillon de renard que tu peux voir en France. Ici la bestiole t’arrive au genou. Il vient droit sur toi ce con. Il passe à côté de toi, genre rien à taper et va suivre un mec à cheval. Des chiliens qui passent par là te disent que c’est la masquotte du camp. Vu le nombre de lapins qui gambadent dans le coin, il a la belle vie le zorro.
De ta tente, tu vois la vallée où se trouve Torres del Paine. Pas une seule fois elle s’est dégagée pour laisser entrevoir un bout des pitons. C’est quitte ou double pour demain.
Bon, vous le répéterez pas, mais un peu ras le bol des nouilles au thon donc comme on est à l’entrée du parc, il y a un resto et ça va être ta cantine pour les 2 prochains jours.
8ème jour
 »Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. C’est votre grand jour pour aller voir Torres de Paine. Imaginez que vous êtes le premier week-end de départ d’en vacances d’été’

4h du matin, tu ouvres ta tente, il fait encore nuit. Allez grasse mat, t’es parti à qu’4h50…

2h30 de montée plus tard t’es devant la lagune Torres et les 3 pitons rocheux qui forment le fameux Torres del Paine. T’as un sacré coup de pot car le ciel est avec toi. C’est dégagé, un grand ciel bleu avec, ouais c’est vrai, quelques nuages, mais c’est 100 fois mieux que la veille. On doit être juste une vingtaine de gus à bonnet à pompon (pas toi, faut pas déconner non plus) L’allemande avec qui t’a fait un bout du trek du O s’est pointée la veille à minuit trente, espérant faire des photos de nuit avec la lune. Et le ciel s’est dégagé juste quand t’es arrivé. Torres del Paine, ce sont 3 pitons rocheux côte à côte, le sud, le central et le nord. Pour les géologues du dimanche qui veulent des infos plus précises pour pouvoir briller en société, vous savez à qui demander, wiki Franky
Le temps a commencé à changer et les nuages à s’accrocher aux pitons. Il est temps de redescendre. Et là, c’est par paquet de 20, 50 voir 100 que tu vois des groupes débarqués. Les bus doivent tous décharger à la pelle en même temps ceux qui viennent à la journée plus ceux qui sont avec des guides qui font vraiment grasse mat.
Petit message perso pour le triple point au pantalon orange : t’as vu un couple montait au Torres dont l’homme avait un bébé de 2-3 ans installé confortablement sur son dos. Alors, on oublie Cuba et vous venez ici !
Les 500 pèlerins qui viennent de monter ont pas eu trop de chance car même si c’est pas couvert comme la veille, fini les pitons avec du ciel bleu.
De retour au camp, tu salives par avance d’un bon plat bien gras style hamburger frites. Désolé le four est en panne, pas de repas ce midi. Aaaarrrrhhh. Bon, il reste quoi dans ton sac à victuailles ? Des vieilles fajitas et des nouilles chinoises. Oh misère.
Au fait, tu parles plus des moustiques, ils ont disparu le lendemain où t’avais acheté ta bombe anti moustiques en or massif.

Ah oui, un petit encart publicitaire : ‘vous aimez marcher les pieds mouillés indéfiniment, achetez des chaussures Lowa’. Ouais, 1 journée entière en plein soleil, elle sont encore humides…en fait elles doivent être étanche mais en sens inverse. Une fois l’eau dans les pompes, elle y reste, un nouveau concept ! Sans parler des semelles qui refusent de sécher en plein soleil. Tu t’es peut-être gouré en les achetant, pourtant t’étais bien au rayon piscine.

Et bien sûr, intelligemment t’as acheté la même marque en parpaing trempé et en petites chaussures de trek. Juste une petite photo sur les petites chaussures après même pas un an. Le point positif, tu fais bosser les cordonniers..

Finalement le O, t’auras eu un vrai temps de Patagonie mais avec à chaque fois un temps correct sur les hot-spot. Faire le O plutôt que juste le W ? Oui, sans hésitation, ne serait-ce que pour l’ambiance. Sur le O t’as vraiment l’impression d’être là pour faire un trek en montagne. Sur le W, tu retrouves côté camping beaucoup de jeunes et des chiliens et côté resto/hotel all inclusive beaucoup d’américains qui parlent très haut et fort mais qui la ramènent beaucoup moins dès qu’il faut marcher. Chacun son truc.
Par contre, très très très grosse déception!!! T’as trimballé tes sachets de thé pour rien. Le gros chat des montagnes s’est jamais pointé. Peut être qu’il manquait le lait.
Dernier jour
Il a plut toute la nuit et ça s’arrête pas. T’as vraiment eu la seule fenêtre météo correcte pour aller voir les pitons. Les américains auront une bonne raison de rester au resto.
Tes pompes ont finalement séché. Hors de question de les mettre avec ce temps, t’as décidé de rejoindre la station de bus à l’entrée du parc en sandales.
Byebye Torres
Ricardo ex-Lowa