Yo,
Ca cogne tellement dur que t’es parti à 7h pour démarrer ton trek. Première tronçon, rejoindre le village de Sospel à 20 bornes si tu passes par les chemins les plus faciles. T’as les pieds au bord de la mer et tu regardes au dessus de Menton le col du berceau à 1080m. Le mieux est de tester ton niveau de baltringuité. Si t’es pas foutu de taper 1100m de dénivelé positif dès le premier jour, pas la peine d’aller plus loin, tu t’achètes un transat et un parasol et tu restes en bord de mer avec les allemands en scandales chaussettes blanches…
Alors, côté niveau de baltringuité, tu connais des champions du monde qui se reconnaîtront facilement : T’as les parisiens (le Guy et le Chap) avec qui qui t’as voulu prendre le chemin en partant en plus du village de Castellar et qui ont pleuré avant même la vraie montée et qui n’ont donc jamais vu le col.
Et t’as les locaux (dont on ne citera pas le nom pour pas leur faire honte sur 10 générations) qui ont voulu passer par la piste facile, toujours au départ de Castellar et qui 3 ans plus tard ont encore des séquelles parce tu les as poussé à redescendre par le sentier, pauvres petits… Même le chien a failli rendre l’âme. (apparemment le boulet existe aussi chez les chiens)
Leur proposer de refaire le col par le sentier ? Ahah, c’est comme essayer de tuer un âne à coups de figues molles…
Alors c’est vrai que ça pique un peu dans les mollets surtout quand t’as près de 20kg sur le dos et un soleil agressif. La balade est nettement plus sympa quand tu trimballes juste du rosé bien frais et du saucisson.
Pour ceux qui veulent se lancer dans cette balade de l’extrême (oui, oui, pour certains c’est le même niveau que l’Himalaya), il faut partir de Garavan puis le plan du lion pour se chauffer les cuisses et ensuite la montée du Berceau. En fait tu suis tout simplement le GR52.
Quand t’es au niveau du col, tu as une superbe vue sur la côte d’Azur et avec un peu de chance tu peux voir la Corse. Si t’as amené beaucoup de rosé, tu peux même voir Madagascar… Toi, juste après la montée il te reste que de l’eau presque bouillante.
La dernière fois que t’y es monté, t’as trouvé un très jeune agneau abandonné par sa madre. Pas de berger à l’horizon, tu te l’été porté sous le bras pendant 2h pour le ramener au village. Ce coup-çi, si t’en trouves un, il fera un bon repas le soir.
Pas de moutons, pas d’âne, pas de figues molles, ce soir ça sera frugal.
Sur le chemin tu crois un gus avec un gros sackmoins que le tien…), le mec était parti y a un mois du lac Leman.
La descente vers le village Sospel est dans une petite forêt. Fini la vue sur la mer avant un paquet de jours.
T’as de très très gros doutes sur la qualité de tes pompes. De la Timberland qui semble plus faite pour la promenade en bord de mer que de la vrai marche en montagne. L’intelligence de les avoir essayées avant ? Euh….. Hein ? Je passe sous un tunnel, je capte plus.
14h, t’arrives, les jambes en vrac, à Sospel,  petit village au bord de la ‘rivière’ Bévera. Un petit pont de pierre, des restos.  Plutôt que de taper sur des produits liophilisés, tu t’es dit que t’allais te poser devant un gros plat de pates dans un resto. Et là, coup de chance incroyable. Tu débarques en terrasse avec ton gros sac (qui avec la flotte fait finalement 22 kg….). Le mec de la table à côté semble vouloir taper la discute.  Le mec est du village est un accroc de randonnée. Il connaît par cœur la région. Et la veille il est allé où tu penses aller dans quelques jours. Tu t’aperçois que t’avais pas choisi les bons chemins… Et le gros problème c’est qu’hier le gars a dû passer certains cols avec des…crampons car il reste de la neige et certains chemins risquent d’être compliqués surtout avec tes pompes de m… Donc il a passé une demi heure à te trouver d’autres chemins pour continuer ton périple sinon, c’est clair, dans 2 jours, t’étais face à un mur de neige et tu pouvais faire demi tour et reposer sur un transat. Il t’a même indiqué où camper, des sources…. Le seul hic, il avait prévu de faire un trek demain mais il annulé car ils annoncent un orage. Bon, toi, annuler ça va pas être possible donc tu risques de prendre cher dès le 2ème jour..
Comme ton sac était pas assez lourd. T’as rajouté un 4ème litre d’eau. Ouais, ça cogne super dur et pas simple de trouver de l’eau sur les chemins….
Direction la baisse du charlot, à 7 km. Ouais, juste 7 km de pure montée sans fin (sachant que t’as déjà plus de 22 bornes dans les pattes), pour arriver sur un grand espace herbeux plat où il y a un canon rouillé qui date de pfff… Au moins voir beaucoup plus…
Alors c’est vrai que pour une première journée de ‘mise en jambes’ 29 bornes et 9h30 de marche c’est pas mal.
T’as croisé du randonneur en sens inverse mais aucun dans le même sens que toi. Ouais, certains sont pas cons, plus simples de partir des montagnes et redescendre au niveau de la mer..
20h, les jambes en feu,, c’est l’heure de se coucher car t’as décidé d’être sur les chemins dès 6h pour les éviter les grosses chaleurs…
Ricardo plein les pattes