Bon, ben direction notre point de départ, Dunaï.

En montant, il y a 5 jours sous la flotte, t’avais pas trop fait attention à la végétation autour du chemin. Au début de la vallée, il y a des plans de cannabis partout. Même les vaches s’en nourrissent. Va savoir le goût que la viande peut avoir.

Le chemin est beaucoup plus endommagé que la partie plus haute dans la vallée. Des rochers partout, des glissements de terrain. Le guide n’est pas rassuré du tout et tu passes ton temps à regarder au dessus de toi.

A un moment, un gros bruit de chute de rochers. Un nuage de terre à 100m au dessus et devant nous. On est pas passé loin.

On a pas fait 200m qu’on voit le groupe de la française arrêté plus loin. On attend notre guide après un passage dangereux où il préfère qu’on passe un par un. Oui, s’il y a une merde, il préfère perdre un gugus que tout le groupe. Pas con !

En attendant, gugus-lapisse va voir ce qui se passe dans le groupe de devant. Il revient vers nous inquiet en disant que l’autre groupe s’est pris la chute de rochers il y a 2 minutes et qu’il faut surtout pas rester là. Comme c’est le gugus qui comprend rien et pose des questions débiles, il est aussi crédible qu’une moule. Personne ne bouge. Un gars de l’autre groupe arrive à toute vitesse pour nous dire de ne pas rester là. On lui a dit de se calmer. Bizarrement il l’a mal pris. Il insistait pour qu’on bouge et on l’ignorait. Quel intérêt de bouger, sur les 500 prochains mètres, on est dans une grosse zone d’avalanche. Alors attendre là où ailleurs… Le gars repart vers son groupe certainement en nous traitant de tous les noms. Lui qui a risqué sa vie sans la moindre reconnaissance de notre part.

Finalement, on repart, car effectivement on va pas trop déconner ici. Une nana de leur groupe est assise, elle a pris une pierre dans un bras. Résultat, fracture ouverte. Ah ouais, quand même. On marche pour sortir de la zone de risque quand 2 népalais nous rattrapent en courant. L’un a une pelle donc c’est certainement pas un touriste. Tu sens le gars très inquiet. il nous crie ‘run run’. Ouais, c’est bon Bernie, y a pas inscrit ‘forest’ sur le front !

Faut reconnaître que tu regardes plus en l’air que tes pieds. Faudra bien 10 minutes pour sortir de la zone de risque. L’autre groupe nous rejoint avec la blessée qui marche normalement mais avec un gros bandage plein de sang autour de son bras.

Notre guide est reparti chercher gugus-docteur qui est toujours à la traîne 15 minutes derrière.

Quand il nous rejoint, il va voir le groupe de la blessée. Donc du coup, on va devoir un peu patienter. (ce qui est normal vu la situation). Et bien on t’as gugus-connard qui sort  »elle est pas dans notre groupe, c’est pas notre problème  ». Et ouais, y a des champions du monde !

On est à 1h20 de marche de Dunaï où elle se fera rapatrier par hélicoptère sur Katmandou. Mais elle n’a pas été prioritaire car l’hélicoptère n’arrête pas depuis ce matin de faire des aller-retour pour aller secourir les groupes coincés entre les cols. Le fils de notre guide Sherpa dans un autre groupe, est coincé dans la neige entre deux éboulements depuis 6 jours. Va savoir comment, mais il a récupéré des vidéos prises d’hélicoptères mais c’est impressionnant. On va arrêter de pleurer avec notre temps pluvieux. A ce propos, pas de pluie, on a même transpiré dans la descente. Ça fait du bien. Tu vas enfin pouvoir sortir ta crème solaire !

Il y a quand même un point positif pour les locaux : les rivières ont charrié des dizaines de troncs d’arbre. Les habitants de la vallée s’empressent de récupérer.

A Dunaï, vu qu’il fait sec, on est de retour sous la tente. Juste à côté, le groupe de la française. Il nous snobe royalement. Ils ont vraiment pas apprécié qu’on ignore leur conseil de sécurité. Mais faut comprendre. Un mec avec une barbichette et une tête de premier de la classe qui vient affolé pour te dire de décamper, t’as pas trop envie de le croire…

Briefing du guide : le chemin que l’on devait prendre pour aller à Dho Tarap (oui, faut bien aller quelque part pendant les 15 jours qui nous restent) n’est pas praticable. Un pont suspendu en métal (pas un petit pont en bois) a été emporté. On ne pourra pas traverser. Gugus-connard fait un bond énervé en lançant agressivement ‘si on va pas à Dho, je me casse ‘. On doit être plusieurs à avoir espérer que le guide dise qu’on ne va pas à Dho Tarap…

Malheureusement, on va juste prendre un autre chemin.

Ricardo, le nouveau Forest